Requête pour un
projet de loi-cadre sur la décentralisation territoriale
Coalition pour un Québec des Régions
Préambule
Les
récentes élections ont ramené l’ensemble des régions du Québec sur la carte
politique du Québec et mis en évidence la complexité des communautés
territoriales sur l’ensemble du territoire québécois.
Par
ailleurs, le statut minoritaire du gouvernement élu devrait inciter tous les partis élus à accorder une
priorité stratégique aux réalités régionales, plus particulièrement, aux problèmes
de développement et d’autonomie qui sont au cœur du mécontentement exprimé par les différentes régions du Québec et au
centre des promesses électorales des partis concernés. Un récent sondage
n’indiquait-il pas que 84% des Québécois estiment qu’il faut faire plus pour
les régions?
Pour
éviter que l’on se contente, comme souvent par le passé, de programmes de
soutien éparpillés et de structures de concertation qui ne permettent pas de
véritable décentralisation des pouvoirs et des ressources, une Coalition pour
un Québec des régions, formée de personnalités reliées à des groupes impliqués dans la réforme
démocratique, la gouvernance territoriale et le développement régional, a
décidé de présenter aux partis politiques élus la requête qui suit, et
sollicite de la part des partis concernés une rencontre pour discuter de sa
mise en œuvre.
Claude Béland,
Mouvement pour une démocratie nouvelle, Montréal
Jacques Proulx, Solidarité rurale du Québec, Cantons de l’Est-Montérégie
André Laroque, ENAP et Parti Vert, Québec
Marc-Urbain Proulx, Université du Québec à Chicoutimi
Paul Cliche, Québec
solidaire et Mouvement pour un démocratie nouvelle, Montréal
Pierre Ferron,
agronome et écologiste, Mauricie
Dominique Bherer, vétérinaire et écologie forestière,
Laurentides
Gaétan Ruest, maire d’Amqui et Union des Municipalités du
Québec, Gaspésie
Martin Gagnon , Conseil de Coopération régional de Gaspésie
et Coopératives
regroupées en
energies renouvelables, Bas-St-Laurent-Gaspésie
Donald Martel, directeur
de la MRC et du CLD de Nicolet- de la MRC et du CLD de
Nicolet-Yamaska, candidat PQ,
Centre du Québec
Jean-Louis Chaumel, Université du Québec à Rimouski
Denis Trottier, cegep St-Félicien et député PQ de Roberval
Serge Mongeau, Éditions Écosociété, Québec (Ile-d’Orléans)
Patrice Leblanc, Chaire des petites collectivités,
Université du Québec en Abitibi
Pierre Dubuc, L’Aut’Journal, Montréal
Yvan Migneault, aménagiste de la MRC de Kamouraska,
Bas-St-Laurent
Bernard Généreux, maire de St-Prime et président de la FQM,
Lac Saint-Jean
Guylaine Proulx, cegep St-Félicien,Développement local et
économie sociale,Lac-St-Jean
Yvon Leclerc, association des régions, Québec
Pierre Racicot,
Roméo Bouchard, Union des citoyens du Québec, Bas-St-Laurent
Porte-parole suggérés : André
Laroque
Jacques
Proulx
Claude
Béland
Gaétan Ruest
Marc-Urbain
Proulx
Requête
1. Le Québec est avant tout un territoire et
des communautés
Le
Québec est une nation, unie par une langue et un territoire.
Les collectivités qui ont progressivement occupé son
vaste territoire et mis en valeur les richesses propres à chacune de ses
régions aspirent de plus en plus, pour mieux se développer, à se gouverner elles-mêmes en harmonie avec
l’État national et les premières nations.
2. L’avenir des régions passe par la
décentralisation
Aux yeux des requérants, l’avenir des régions du Québec
passe par la décentralisation et par une politique d’occupation du
territoire, concrètement,
par la mise en place de véritables gouvernements
territoriaux.
3. Profil des gouvernements territoriaux
Ces gouvernements territoriaux restent à définir, mais
dans l’optique de la Coalition, ils devraient être
a) dotés de pouvoirs et de
moyens réels pour la gestion sur leur territoire des services sociaux, de la santé,
des écoles, du transport scolaire et collectif, de la voirie, des
communications, de l’aménagement du territoire, de l’environnement, de la
culture, du patrimoine, de la justice de
proximité, du développement économique et touristique, des ressources naturelles;
b) ancrés, pour
l’essentiel, sur le territoire des MRC
actuelles, qui deviendraient des Municipalités régionales (MR) élues et autonomes financièrement (ou leur
équivalent urbain). Bien que le débat reste ouvert sur ce point, un large
consensus voit dans le territoire des MRC (ajusté au besoin) l’espace idéal
d’appartenance et de gouvernance participative, la région demeurant un espace
de concertation des MR sur les dossiers exigeant une approche régionale;
c)
reliés entre eux par
des politiques nationales d’orientation
(relayées en
région par les bureaux ministériels régionaux et les
Conférences administratives régionales) ,
des commissions régionales de concertation
des mécanismes de
péréquation
des divisions territoriales ministérielles ajustées
au découpage des régions administratives (ce qui reste à faire dans plusieurs secteurs : Transports,
Agriculture, Forêt, Tourisme, Justice, Hydro-Québec, etc.)
d) et représentés adéquatement à l’Assemblée
nationale de
façon à assurer l’application des politiques de décentralisation et
d’occupation du territoire (par exemple, par un scrutin proportionnel
régionalisé, une carte électorale appropriée, une réforme parlementaire qui redonne
priorité aux députés sur le système et la ligne de parti, etc.)
4. Restructuration de la gouvernance dans les
régions périphériques
Dans
les régions périphériques, cette décentralisation doit s’accompagner
a) D’une restructuration des petites municipalités rurales
et des petites villes à l’intérieur de la
Municipalité régionale; en fait, une restructuration du pouvoir municipal en
milieu rural, de façon à éviter le plus possible l’effritement actuel et la
multiplication des niveaux de gouvernement tout en assurant une saine
représentation.
b) D’une réappropriation et
d’une participation à la gestion
des ressources naturelles, principal
gagne-pain de ces régions, en lien avec des politiques nationales réorientées
vers une exploitation durable.
c) d’une nouvelle alliance (impliquant
directement les MR)
dans le but de redéfinir une cohabitation et
un partage du territoire avec des premières nations, ayant leur propre gouvernement.
5. Les communautés régionales sont prêtes à
se gouverner
L’État québécois centralisé a été l’outil qui a permis
aux Québécois d’obtenir des services égaux partout sur le territoire et de
reprendre le contrôle de leur société, de leur langue et culture ainsi que de
leur économie.
Pour
permettre aux Québécois de s’affirmer dans un monde mondialisant, le temps est
maintenant venu pour l’État québécois de se mettre au service des
communautés territoriales, aussi bien urbaines que rurales, et de passer d’une
gouvernance sectorielle centralisée à une gouvernance territoriale intégrée.
La
Coalition estime qu’après près de 40 ans de participation bénévole à des
instances de concertation et de consultation, à des opérations d’animation et
de sensibilisation et à des initiatives sans nombre de développement local,
comme celles du pacte rural et des chantiers d’économie sociale, la
population est prête à se prendre en charge avec les pouvoirs et les moyens
appropriés pour gérer son territoire propre, et le gouvernement québécois aussi
possède tous les pouvoirs nécessaires à cette fin. On se saurait donc prétexter
le manque de préparation des populations régionales, les dangers d’accroître
les disparités ou la nécessité d’attendre la réalisation d’une hypothétique
souveraineté constitutionnelle pour éviter d’éventuels empiètements fédéraux.
En conséquence,
les requérants demandent à tous les partis politiques et au nouveau
gouvernement de préparer et d’adopter en priorité une loi-cadre sur la
décentralisation de l’État québécois et l’instauration de véritables
gouvernements territoriaux. Cette loi-cadre devrait fixer les principes et
les objectifs devant guider la formation des gouvernements territoriaux, la
décentralisation des compétences et des ressources financières, la
restructuration municipale en milieu rural, la concertation régionale et
nationale, la cohabitation avec les premières nations et l’agenda de la mise en
application d’une telle réforme. Le projet de loi-cadre avancé par la
Fédération québécoise des municipalités contient à cet effet plusieurs propositions utiles.
La
Coalition est convaincue qu’une telle réforme susciterait une effervescence et
un dynamisme sans précédent dans tout le Québec et pourrait susciter une
deuxième révolution tranquille qui mènerait le Québec à son plein
épanouissement.
Pour un Québec des régions
moins unitaire
mais plus solidaire!
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