MOUVEMENT
DÉMOCRATIE ET CITOYENNETÉ
DU QUÉBEC
RENDEZ-VOUS 2006
17-18 JUIN
UNE CONSTITUTION
POUR LE QUÉBEC
D’AUJOURD’HUI
CAHIER
DE PARTICIPATION
Table des matières
Jean-Pascal
Gauthier et André Larocque
Responsables
de la documentation
Il y a peu
d’expériences politiques plus enrichissantes que celle de donner une
constitution à la société à laquelle nous appartenons. Dans la majorité des États de ce monde, la
constitution nationale joue un rôle fondamental. Elle possède parfois, comme chez nos voisins
américains, un caractère quasi sacré.
Au Canada et au Québec, nous
avons cheminé dans une direction exactement contraire. Chez nous, le mot
« constitution » est perçu par beaucoup tel un mot chargé d’un contenu
négatif, une source d’affrontements, un ballon de football politique qui se
joue entre Ottawa et Québec. Or, nous
sommes contraints d’affirmer qu’à maints égards, une bonne partie du procès
fait à la constitution canadienne est fondée.
La Loi de l’Amérique
britannique du nord de 1867, rapatriée à titre de texte constitutionnel en 1982, n’a jamais été ratifiée par
l’Assemblée nationale du Québec, que ce soit sous un gouvernement du Parti
libéral du Québec (PLQ) ou sous celui du Parti québécois (PQ). En fait, il s’agit d’une constitution au
caractère quelque peu particulier. Pour illustrer notre propos, elle affirme
que « le pouvoir exécutif du Canada appartient à la Reine » alors
qu’en réalité celle-ci n’a qu’un rôle symbolique. Par ailleurs, dans un tout
autre registre, la constitution passe complètement sous silence l’existence du
poste de premier ministre où loge le pouvoir politique réel. En outre, nulle part, dans le texte, on ne
trouve la moindre allusion au « peuple », pourtant le fondement même
de toute constitution d’une société démocratique.
De son côté, le Québec ne
possède pas une constitution intégrée en un document. Mais, à l’exemple du
Royaume Uni, il dispose de plusieurs lois de nature constitutionnelle qu’il
serait possible de désigner du nom de constitution. Cependant, ces lois et ces
textes sont très disparates, et il n’y a
pas consensus à savoir lesquels
en font partie ou pas. À titre
d’exemple, on pourrait penser que la Charte des droits de la personne est un
texte constitutionnel. Mais il s’agit
d’une loi « ordinaire » qui peut être amendée en tout temps par
l’Assemblée nationale par un vote à la majorité simple!
En 2003, les États Généraux
sur la réforme des institutions
démocratiques se sont prononcés, à 82%, en faveur d’une constitution pour le Québec d’aujourd’hui. Ce vote suivait une très large consultation
populaire qu’avait menée le Comité directeur des États Généraux, présidé par
Claude Béland. Les mêmes États Généraux
avaient donné naissance à un nouvel organisme citoyen, le Mouvement Démocratie et Citoyenneté (MDCQ) qui est, lui aussi, présidé par Claude Béland.
Aujourd’hui, le Conseil
régional de la Capitale nationale du MDCQ est fier d’être l’organisateur du
« RENDEZ-VOUS 2006 ». Cet événement, dont les enjeux sont ambitieux
faut-il en convenir, a été conçu pour donner suite au vote de 2003. C’est
pourquoi on y rédigera une constitution
pour le Québec d’aujourd’hui. Bien
que nous soyons conscients que cette constitution ne puisse pas s’appliquer
juridiquement au moment de son adoption par les citoyennes et citoyens présents
au « RENDEZ-VOUS 2006 », nous sommes persuadés que la démarche ainsi
réalisée constituera l’amorce d’un cheminement réel du peuple québécois vers la
rédaction de sa propre constitution.
Nous utilisons les mots
« pour le Québec d’aujourd’hui »
au sens fort. C’est aujourd’hui qu’il
faut prendre conscience de l’importance capitale d’une constitution pour toute
société. C’est aujourd’hui qu’il faut
marquer un temps d’arrêt pour se demander quelles sont les grandes valeurs
collectives auxquelles nous adhérons maintenant et que nous voulons projeter
dans l’avenir. C’est aujourd’hui, au
moment où la perte de foi des citoyens dans leurs institutions politiques et
dans leurs élus se manifeste, qu’il importe de réfléchir sur la manière dont
nous voulons être gouvernés.
Ainsi, en appui à votre
réflexion, nous vous proposons une démarche en trois temps.
En premier lieu, pour vous
plonger dans le « bain constitutionnel », vous êtes invités à lire les
« Dialogues avec Claude Béland sur
une constitution pour le Québec d’aujourd’hui ». Vous y
découvrirez combien la démarche à entreprendre est intéressante, constructive,
voire même exaltante.
En deuxième lieu, le
MDCQ-Capitale nationale vous présente ce Cahier
de participation.
« Faire » une constitution, ce n’est pas un exercice
simple. Mais ce n’est pas, non plus, un
exercice impossible. Tout citoyen
désireux de réfléchir sérieusement sur les caractéristiques de notre société et
sur la nature de ses institutions peut y arriver. Pour vous aider, le Cahier de participation vous offre plusieurs éléments
regroupés sous trois thèmes distincts à savoir,
·
Une information préalable nécessaire pour cibler les
enjeux;
·
Les volets d’une constitution;
·
Un lexique qui définit les concepts.
Enfin, lorsque le thème
portant sur les volets d’une constitution sera abordé, ce cahier vous proposera
de compléter un questionnaire au terme de chaque étape de la démarche. Vous
apporterez vos propres réponses aux questions posées. Puis, lorsque vous aurez parcouru l’ensemble
des chapitres, les principales réponses auxquelles vous êtes arrivé pourront être
rassemblées dans ce qu’on a appelé pour vous :
MA CONSTITUTION…
L’idée que le Québec pourrait se doter
d’une constitution n’est pas nouvelle. Depuis plus de quatre décennies, comme
en témoignent les références qui suivent, cette problématique s’est toujours
retrouvée au cœur de nos préoccupations collectives. Ainsi, de 1963 à tout
récemment, les faiseurs d’opinion, les leaders politiques, nos élus ont enrichi
la réflexion.
1963 Le Premier ministre Jean Lesage crée
un « comité de la constitution ».
1966 Le Premier ministre Daniel Johnson
propose une constituante pour le Canada.
1967 Motion adoptée unanimement (23 fév.)
par l’Assemblée nationale ayant pour objet de confier à une commission l’étude
d’une Constitution pour le Québec.
1967 Rapport de Paul Gérin-Lajoie sur un
projet de constitution.
1967 René Lévesque parle de la nécessité
d’une constitution.
1969 Les États Généraux du Canada français adoptent – à 598 contre 12 – une résolution visant à doter
le Québec d’une constitution.
1970 Le Premier ministre Robert Bourassa
déclare que le Québec a tout le pouvoir
qu’il faut pour se donner une constitution.
1980 Le Livre beige de Claude Ryan réfère
à une constitution pour le Québec.
1982 Gil Rémillard , répliquant au
rapatriement forcé de la constitution canadienne,
propose une constitution pour le Québec.
1983 Jacques-Yvan Morin propose une
constitution pour le Québec.
1984 Le gouvernement du Parti Québécois
convoque la Commission des Institutions pour étudier le projet de
constitution préparé par le député David
Payne.
1985 Jacques-Yvan Morin revient avec l’idée d’une constitution.
1991 Le Rapport Allaire propose que le
Québec se donne une constitution.
1994 Jacques-Yvan Morin publie « Demain le Québec » en reprenant
l’idée d’une constitution
1995 Marc Chevrier publie :
« Une constitution pour le peuple du Québec ».
1998 Jacques Parizeau appelle à une
constitution pour le Québec.
1999 La Commission des institutions de
l’Assemblée nationale étudie « les
droits fondamentaux de l’Assemblée nationale et du peuple du Québec »,
Jacques Parizeau affirme considérer ces travaux comme les bases pour une
constitution québécoise.
1999 Jean-Yves Durocher écrit :
« Pour l’établissement d’une
constituante ».
1999 La Fédération des Femmes du Québec
publie : « Citoyennes du
Québec, à vos plumes! ».
2000 L’Action souverainiste publie :
« La Constitution du Québec ».
2000 Le XIVe congrès du Parti Québécois
réinsère le projet de constitution dans le programme officiel du parti. Une telle disposition était déjà présente
dans le programme officiel du PQ depuis 1969 mais était disparue en 1997.
2000 Michel Venne, dans Le Devoir (le 3
avril) se demande : « Une
constitution pour le Québec?
2000 Denis Monière, Pierre de
Bellefeuille, Claude G. Charron et Gordon Lefebvre
publient dans Le Devoir (3 avril): « Il
faut convoquer une assemblée constituante ».
2000 Josée Legault écrit dans The Gazette
(8 avril) : « Québec needs its
own constitution ».
2000 Russel Bouchard écrit dans Le Devoir
(le 17 avril) : une constitution « Une
protection contre le despotisme ».
2000 Jacques-Yvan Morin publie une série
dans Le Devoir, dont (le 25avril) : « Une constitution dans un Québec
souverain ou autonome ».
2000 Marc Brière écrit dans Le Devoir (le
25 avril) : « L’établissement
d’un nouveau contrat social s’impose ».
2000
L’Union des forces progressistes (UFP) inscrit à son
programme officiel la volonté de doter le Québec de sa propre constitution.
2002 La section Ludger-Duvernay de la SSJB
de Montréal et l’Action indépendantiste
du Québec publie : « Projet de
Constitution d’un Québec indépendant ».
2002 Marc Brière publie : « Pour une nouvelle constitution
québécoise ».
2002 Marc Brière écrit : « Lettre à mes concitoyens : Mais
qu’attendons-nous ?».
2003 Les États Généraux sur la réforme des
institutions démocratiques adoptent à 82% une résolution en faveur d’une
constitution pour le Québec.
2003 Marc Chevrier publie : « Quelle suite donner aux États Généraux? Mettre
le Québec sur la voie constituante ».
2004 Jacques Dufresne publie :
« Une constitution pour l’État du
Québec, le projet de loi 99 ».
2004 Le Conseil général de l’Action démocratique
du Québec inscrit au programme officiel du parti la volonté de doter le Québec
d’une constitution.
2004
Le Conseil du Mouvement Démocratie et Citoyenneté du
Québec adopte (le 27 septembre) une résolution recommandant que les États
Généraux de 2006 prennent la forme d’une constitution.
2005 Le Parti Québécois réitère, dans son
programme officiel, le besoin d’une constitution pour le Québec
2005 Daniel Turp
publie : Nous, peuple du Québec, un
projet de constitution du Québec.
Québec. Les Éditions du
Québécois.
Il ne peut y avoir de réflexion
constructive si elle ne s’appuie sur un certain nombre de prémisses partagées
par tous ceux et celles qui souhaitent s’associer à cette démarche. C’est donc
en ayant cette règle à l’esprit que le
MDCQ s’engage dans ce processus.
·
Il appartient aux citoyens de
« constituer » l’État. Or, il
existe maintenant depuis plusieurs décennies une profonde crise de confiance
des citoyens à l’égard des institutions du Québec.
·
Dans sa tournée de toutes les régions du Québec en 2002 et 2003, le
Comité directeur des États Généraux sur la réforme des institutions
démocratiques a constaté chez les citoyennes et citoyens tout l’intérêt,
l’ouverture et la capacité nécessaires pour procéder à une redéfinition de nos
institutions. Des prédispositions
semblables s’étaient d’ailleurs déjà manifestées dans d’autres grandes
consultations publiques telles la Commission Bélanger-Campeau et les Commissions nationale et régionales sur
l’avenir du Québec.
·
Toute constitution démocratique procède du principe
fondamental de la souveraineté populaire.
Or, avant de définir les institutions de l’État, il importe
d’explicitement affirmer ce principe et de faire en sorte que toutes les autres
dispositions constitutionnelles y soient subordonnées.
·
D’un point de vue juridique, nous
pouvons affirmer que le Québec possède déjà une constitution. Mais il s’agit d’un ensemble de textes
disparates reliés à l’actuelle Constitution du Canada et à laquelle tous les
gouvernements et tous les partis à l’Assemblée nationale ont, depuis 1982,
refusé d’adhérer.
·
S’il est certes important que les partis politiques s’intéressent à une
constitution québécoise, il est fondamental que la constitution d’une société
soit celle de l’ensemble de cette société et donc qu’elle transcende la vision
d’un parti politique quel qu’il soit.
·
Il est important que les députés
de l’Assemblée nationale s’intéressent à une constitution québécoise pour
aujourd’hui. Cependant leur légitimité
comme élus découle de la présente constitution qu’il s’agit précisément de
remplacer. Il ne va pas de soi que le
mandat qu’ils détiennent aujourd’hui leur permet de procéder à la définition
d’une constitution nouvelle. On peut
même penser, au contraire, qu’un tel rôle mettrait les députés actuels en
conflit d’intérêts.
·
Depuis 1963, presque tous les partis politiques se
sont intéressés à la question de la constitution (Jean Lesage, Paul
Gérin-Lajoie, Daniel Johnson, Robert Bourassa, René Lévesque, Gil Rémillard, Jacques
Parizeau, Jacques-Yvan Morin, Benoît Pelletier, Daniel Turp, Jean
Allaire).
Ainsi, plusieurs partis
politiques québécois ont inscrit dans leur programme politique actuel des
dispositions favorables à la rédaction d’une constitution.
·
Chacun des cinquante États de la fédération
américaine possède sa propre constitution; il en est de même pour chacun des
quinze länder de la fédération
allemande, chacun des six états de la fédération australienne et chacun des
vingt-six cantons de la fédération suisse.
·
Les États Généraux du Canada français en 1967 ont
adopté à la quasi unanimité une résolution demandant que le Québec se donne une
constitution.
·
Les États Généraux sur la réforme des institutions
démocratiques de 2003 ont adopté, à 82%, une résolution dans le même sens.
·
Aux mêmes États Généraux de 2003, neuf autres
grandes décisions ont été prises fournissant des éléments majeurs pour la
rédaction d’une constitution.
·
L’assemblée des conseils régionaux du Mouvement
Démocratie et Citoyenneté du Québec, réunie à Montréal, le 27 septembre 2004, a
officiellement adopté une résolution à l’effet que le MDCQ tienne un « Rendez-Vous 2006 » sur
« une constitution pour le Québec d’aujourd’hui. La responsabilité de
l’événement est confiée au MDCQ de la Capitale nationale.
·
Les responsables sont :
Marc Foisy, directeur général de l’événement;
Lorraine Therrien, présidente du MDCQ-CN;
Priscilla Shafer, responsable des
communications ;
Jean-Pascal Gauthier et
André Larocque, responsables de la documentation.
À un moment ou un autre, d’honnêtes citoyens, hommes
politiques, philosophes, chercheurs, ont rêvé de toucher à l’essentiel en
affirmant haut et fort que toute société dûment constituée se doit d’adhérer
pour sa survie à un authentique contrat social cristallisé dans ce que l’on
appelle une constitution.
·
·
***René
Lévesque***
·
« Il n’y a rien d’aussi fondamental dans une
société, que la question de ses institutions, de ses structures politiques qui
forment le cadre de la vie de tout le monde et de toutes les activités. »
·
***Robert
Bourassa***
·
« Affirmer
la nécessité de moderniser la constitution interne du Québec et d’en rassembler
les éléments constitutifs dans un système plus cohérent, c’est fort bien, mais
un gouvernement qui se respecte ne doit pas en rester là (car) le Québec
a toute autorité voulue pour agir en ce domaine ». (Robert Bourassa,
en 1970, cité par Marc Brière)
***Jacques-Yvan
Morin***
« Le Québec est dépourvu de constitution
entendue au sens formel. Composée de lois, conventions, coutumes et arrêts
judiciaires d'origine britannique, canadienne ou québécoise, la constitution
actuelle est éparse et informe. Les lois du Québec qui en font partie sont des
lois ordinaires ne disposant d'aucune supériorité par rapport à l'ensemble de
la législation. Or l'autonomie du Québec s'étend à la modification de sa
constitution. »
***Jean-Yves
Durocher***
«Nous
n’avons jamais énoncé clairement, sans ambiguïté, ce que nous voulons être, ni
le pourquoi, ne le comment, ni la raison ».
***ISOCRATE***
« L’âme
de la cité n’est rien d’autre que la Constitution, qui a le même pouvoir que
dans le corps la pensée ».
***Les États Généraux du Canada français (1969)***
« La
constitution doit reconnaître la volonté du peuple comme le fondement de
l’autorité des pouvoirs publics ».
***Marc Chevrier***
La constitution… « (…) c’est le véhicule logique
et normal par lequel un peuple démocratique affirme ses libertés et met en
forme les pouvoirs de son État, qu’il soit fédéré ou souverain »
(…) « Pour un peuple, c’est un moyen de s’affirmer et d’accéder à une
conscience politique de son existence ».
« Tout
peuple faiblit, s’il ne persévère dans une constitution qui le met au pouvoir,
le munit d’un État et lui attache des protections pour ses libertés. (…)
Elle (la constitution) engage la
dignité démocratique des citoyens et sollicite leur capacité de se projeter dans
l’avenir ».
*Denis
Monière, Pierre de Bellefeuille, Claude G. Charron, Gordon Lefebvre*
« Depuis
trente ans, les partis ont monopolisé le débat sur la question nationale, ils
ont défini les besoins constitutionnels du Québec et choisi les stratégies pour
les réaliser. Or cette situation de
monopole est devenue contre-productive et dangereuse dans le contexte de la
politique postmoderne où les citoyens sont politiquement plus sophistiqués et
manifestent de plus en plus de cynisme à l’endroit des politiciens. (…) Il
est temps de rassembler toutes les forces qui souhaitent ancrer le destin du
Québec dans de nouvelles institutions politiques. C’est en prenant l’initiative qu’on fait
l’histoire ».
***Russell
Bouchard***
« (…)
la souveraineté nationale est un chèque en blanc donné à des despotes en
puissance si, par malheur et négligence, le rapatriement des pouvoirs précède
la rédaction de la constitution » (…).
L’histoire du monde moderne témoigne elle aussi du danger réel de
laisser à la classe dirigeante le soin de rédiger les termes de la constitution
et de dessiner les paramètres du contrat social ».
***Marc
Brière***
La constitution, « un supplément d’âme pour fonder une
nation civique intégrant les diverses ethnies qui le composent ».
***La Federation des Femmes du Québec (1999)***
« Que
l’on soit ou non souverainiste, il est important de définir de quoi on
parle ».
***Guy
Rocher***
«
Sur le plan politique, si la majorité de la population québécoise ne se sent
pas en mesure d’assumer la pleine souveraineté du pays, ou n’est pas motivée à
le faire, il faudra doter le Québec d’une Constitution. (…) Il faudra étendre
jusqu’à l’extrême limite l’autonomie politique
dont pourra jouir l’état de la nation québécoise (…). La nation
québécoise jouira ainsi d’une personnalité juridique et politique à laquelle pourront se référer
tout citoyen et tout éducateur. » in Le Soleil, le 10 novembre 2004.
L’exercice de se donner une
constitution est le résultat d’une démarche où un peuple décide à un moment de
son histoire de définir qui il est. Ce
faisant, il affirme ce à quoi il croit, ce qu’il veut protéger et enfin les
outils qu’il veut se donner pour y arriver.
Le cheminement d’un peuple
rappelle parfois le code génétique d’un individu en ce sens qu’il lui est
propre, qu’il lui est unique et qu’il porte sa marque.
Pour faciliter la réflexion
de chaque participant, les concepteurs de Rendez-vous 2006 ont rassemblé une
information qu’ils souhaitent pertinente et stimulante. En préalable et pour
centrer toute la démarche, ils vous proposent une définition de ce qu’est la
constitution d’un pays et le rôle que celle-ci joue dans la vie d’un peuple.
Ensuite, vous êtes invités à réfléchir sur différents sujets relatifs aux
contenus de la constitution que vous envisagez. Ils ont été regroupés sous
quatre volets distincts.
Le premier volet évoque les valeurs fondamentales sur lesquelles
différents peuples ont fondé l’État. On
illustre également dans la seconde partie comment de nombreux peuples
ont fondé leur constitution dans le concept de souveraineté populaire.
Le second volet montre que
les sociétés décident d’inscrire dans leur constitution ce qui, comme
collectivité leur tient à cœur. Ce faisant, elles se définissent en affirmant
chacune à leur manière les réalités ou les acquis auxquels elle veulent donner
la plus grande protection.
Le troisième volet vous
propose des exemples illustrant comment des peuples ou des sociétés ont décidé
d’organiser le pouvoir sur le territoire national. On évoque ici différentes
manières dont le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir
judiciaire s’expriment.
Enfin, le quatrième volet
brosse un tableau de différents modèles d’organisation territoriale. De manière
plus spécifique, nous vous proposons un tour d’horizon des différentes manières
dont la souveraineté populaire s’exprime aux plans régional, municipal et
local.
Si vous êtes prêt
pour le voyage, ouvrons donc la première porte.
En préalable …
« La constitution d’un
pays définit la structure de l’État, établit les règles de fonctionnement des
institutions politiques et régit les relations entre les autorités politiques
et les citoyens et les groupes qui composent la société. En spécifiant l’étendue du pouvoir
politique, la constitution vient en fixer les limites. Elle établit les règles qui doivent respecter
les autorités politiques, en plus de
déterminer l’organisation du gouvernement ou, plus précisément, l’organisation
des pouvoir législatif, exécutif et judiciaire. »
Manon Tremblay et Marcel R.
Pelletier, Le système parlementaire
canadien. Éditions de l’Université du Québec, 1996.
En résumé, une constitution
nous donne des papiers d’identité. Elle
dit qui nous sommes, quelles sont nos grandes valeurs, quels sont les aspects
spéciaux de notre société que nous voulons protéger de façon particulière et
comment nous entendons être gouvernés.
Ainsi, rédiger une
constitution, c’est définir quatre grandes fonctions :
I.
Énoncer les grandes
valeurs ou principes fondamentaux sur lesquels est fondé l’État.
II.
Identifier certains
aspects de l’État ou de la société qu’on veut protéger par des dispositions particulières.
III.
Aménager le pouvoir
exécutif, législatif et judiciaire, et
établir les relations entre eux.
IV.
Établir les
relations entre le gouvernement central et les « gouvernements »
locaux (régions, municipalités, MRC).
En d’autres termes, se
donner une constitution, c’est d’abord répondre à des questions qui touchent à
ces quatre sujets. Vous constaterez dans les pages qui suivent que ce cahier alimente vos réflexions sur chacun de ces volets. Pour ce faire, il
vous soumet des notes explicatives, des citations et une information qui se
veut pertinente. Enfin, au terme de chacune des sections dudit cahier, vous
serez invité à répondre aux questions qui vous sont proposées de même qu’à y
inscrire tout commentaire que vous jugerez à propos.
Vous trouverez ces questions dans le document
intitulé : « Questionnaire ».
Premier volet
Première partie
Tous les peuples possèdent
leurs valeurs propres. Les Français tiennent à dire qu’ils forment une
république laïque, démocratique et sociale. Les Américains insistent sur la justice,
la tranquillité intérieure, le bien-être général et la liberté. D’autres
sociétés proclament des valeurs plus modernes comme le développement durable.
Cependant, toutes sont tributaires de leur Histoire lorsque vient le temps
d’emprunter les chemins de l’avenir.
Quelles sont les grandes
valeurs auxquelles tiennent les Québécoises et les Québécois?
À vous de répondre!
QUELQUES SOURCES D’INSPIRATION
Les États Généraux
du Canada français en mars 1969 :
v La constitution doit
proclamer l’égalité des citoyens en matière de libertés fondamentales et de
droits civils, sociaux, culturels et politiques.
v La constitution doit
proclamer l’inaliénabilité de certains droits de l’homme, comme le droit à la
vie et le droit à l’égalité devant la loi.
La Constitution
américaine (1787) :
« Nous, le peuple des États, afin de former une
union plus parfaite, d’établir la justice, d’assurer la tranquillité
intérieure, de pourvoir à la défense commune, de développer le bien-être général et d’assurer nous-mêmes et
notre postérité les bienfaits de la liberté, ordonnons et établissons la
présente Constitution pour les Etats-Unis d’Amérique ». (préambule)
La Constitution de
la France (1958) :
« La France est une République indivisible,
laïque, démocratique et sociale. Elle
assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine,
de race ou de religion. Elle respecte
toutes les croyances ». (article 1)
Le projet de
Constitution de l’Union européenne (2004):
« L’Union est fondée sur les valeurs de respect
de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’état de
droit, ainsi que de respect des droits de l’Homme. Ces valeurs sont communes
aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la tolérance,
la justice, la solidarité et la non-discrimination ». (article 2)
La constitution de
la Suisse :
La Confédération
suisse :
« - protège la liberté et les droits du peuple
et elle assure l’indépendance et la
sécurité du pays ;
-
favorise la prospérité commune, le développement durable, la cohésion
interne et la diversité culturelle du pays;
- veille à garantir une égalité des chances
aussi grande que possible;
- s’engage en faveur
de la conservation durable des ressources naturelles et en faveur d’un ordre international juste et
pacifique ». (article 2)
MAINTENANT VOUS POUVEZ
RÉPONDRE AUX QUESTIONS DE LA PREMIÈRE PARTIE DU PREMIER VOLET.
Premier volet
Deuxième partie
Toutes les lois d’un État
procèdent de l’autorité de la Constitution.
Dans un État démocratique,
la constitution, à son tour, est directement issue de l’autorité du peuple,
c’est-à-dire de la souveraineté populaire.
Ainsi, vous et moi, nous
n’obéissons pas aux lois parce que le premier ministre du Québec ou du Canada
nous commandent d’y obéir. Nous
obéissons aux lois parce que nous obéissons à nous-mêmes. C’est nous qui avons donné à Jean Charest et
à Stephen Harper l’autorité de faire des
lois. C’est le peuple qui a le pouvoir
d’élire les gouvernements, de décider des référendums. Le fait que la volonté citoyenne est le
critère prédominant de toutes décisions politique se nomme la souveraineté populaire.
QUELQUES SOURCES
D’INSPIRATION
Les États Généraux
du Canada français (1969)
v La constitution du
Québec doit contenir une déclaration selon laquelle l’autorité constituante
appartient au peuple du Québec.
v La constitution doit
reconnaître la volonté du peuple comme étant le fondement de l’autorité des pouvoirs publics.
v La constitution doit
instituer le droit d’initiative et permettre à un groupe de citoyens d’un
nombre déterminé de déposer un projet de loi à l’Assemblée nationale qui doit
en prendre connaissance et en disposer.
v La constitution doit
permettre à un groupe de citoyens, à des conditions déterminées, d’exiger la
tenue d’un référendum avant la promulgation d’une loi votée par l’Assemblée
nationale.
Les États Généraux
sur la réforme des institutions démocratiques (2003)
Recommandation 3 du Comité
directeur : « Que soit adoptée
par l’Assemblée nationale une loi reconnaissant aux citoyennes et citoyens le
droit à l’initiative populaire ».
La constitution de
la Suisse :
v « 100,000 citoyens et citoyennes ayant le droit
de vote peuvent, dans un délai de
18 mois à compter de la publication officielle de leur initiative, proposer la révision totale de la
Constitution. » (article 138)
v « Cette proposition est soumise au vote du
peuple. » (article 138)
La constitution de
la France :
v « La souveraineté nationale appartient au peuple
qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne
peut s’en attribuer l’exercice. » (article 2)
La constitution
américaine :
v « Nous, le peuple, ordonnons et établissons la
présente constitution pour les États-Unis d’Amérique… ». (préambule)
La constitution de
la Suède :
v « Tout pouvoir public en Suède procède du
peuple. » (article 1)
La constitution de
la Belgique :
v « Tous les pouvoirs émanent de la Nation.
Ils sont exercés de la manière établie par le Constitution. » (article 33)
Le projet de
constitution de l’Union européenne :
Le préambule s’ouvre sur une citation de l’historien
grec, Thucydide :
v « Notre Constitution est appelée démocratie
parce que le pouvoir est entre les mains, non d’une minorité, mais du plus
grand nombre ».
v « La
Commission peut, sur l’initiative d’un nombre significatif, au moins égal à un
million, de citoyens de l’Union issus d’un nombre significatif d’États membres,
être invitée à soumettre une proposition
appropriée sur des questions pour lesquelles ces citoyens considèrent qu’un
acte juridique de l’Union est nécessaire aux fins de l’application de la
présente Constitution. Une loi
européenne arrête les dispositions relatives aux procédures et conditions spécifiques
requises pour la présentation d’une telle initiative citoyenne. » (article I-46 section 4)
MAINTENANT VOUS
POUVEZ RÉPONDRE AUX QUESTIONS DE LA DEUXIÈME PARTIE DU PREMIER VOLET.
Deuxième volet
LES
ASPECTS PARTICULIERS DE LA SOCIÉTÉ OU DE L’ÉTAT QUI DOIVENT ÊTRE PROTÉGÉS DE
FAÇON EXCEPTIONNELLE
La plupart des États veulent
que certaines caractéristiques fondamentales soient protégées par la
Constitution. À titre d’exemple, la constitution française interdit d’instituer
à nouveau la monarchie. Dans la constitution irlandaise, on ne peut pas toucher
au mode de scrutin sans recourir à un référendum. Parfois d’autres dispositions sont protégées
en obligeant le Parlement du pays à obtenir un vote unanime ou encore un vote
des deux tiers pour qu’une loi soit amendée.
Toutefois, au Québec, la Charte des droits de la personne est une loi
« ordinaire », ce qui veut dire qu’elle peut être amendée par un vote
à la majorité simple de l’Assemblée nationale.
On pourrait donc en théorie la protéger davantage en soumettant sa
modification à une approbation d’au moins les deux tiers de l’Assemblée
nationale.
QUELQUES SOURCES
D’INSPIRATION
Les États Généraux
du Canada français (1969) :
La constitution du Québec doit contenir :
v une clause stipulant
que le Gouvernement ne peut porter atteinte à l’intégrité territoriale sans
l’approbation d’un référendum.
Les États Généraux
sur la réforme des institutions démocratiques (2003)
v Que des moyens
visant à rappeler l’importance de favoriser la représentation et la participation des communautés ethnoculturelles
soient intensifiés au sein des
institutions démocratiques québécoises.
La constitution de
la France :
v « La forme républicaine du Gouvernement ne peut
faire l’objet d’une révision. » (article 89)
La constitution du
Burkina Faso :
v « Les accords consacrant l’entrée du Burkina Faso
dans une Confédération, une
Fédération, ou une Union d’États africains sont soumis à l’approbation du Peuple par référendum. » (article 147)
La constitution de
l’Allemagne :
v « Les droits fondamentaux énoncés ci-après lient
les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire à titre de droit directement
applicable. » (article 1)
MAINTENANT VOUS POUVEZ RÉPONDRE AUX QUESTIONS
DU DEUXIÈME VOLET.
Troisième volet
Première partie
En plus de nous
permettre d’énoncer les grandes valeurs de la société et de camper la
souveraineté populaire au cœur de l’État, la constitution sert à définir le
type de gouvernement dont se dotera le peuple.
Cela signifie essentiellement établir le pouvoir législatif, le pouvoir
exécutif et le pouvoir judiciaire. Depuis Aristote, il est bien établi qu’il est
important de séparer ces trois pouvoirs de manière à éviter la concentration de
tout le pouvoir au profit d’une seule instance.
Dans ce volet de la démarche, nous présentons trois régimes politiques
qui correspondent à trois façons différentes de « séparer les
pouvoirs » :
- le régime
parlementaire,
- le régime
présidentiel,
- le régime
présidentiel-parlementaire.
Une constituante n’est pas
tenue de reproduire l’un de ces trois modèles.
Le premier a été instauré en 1215, le second en 1787. Le troisième a été
créé en 1958 et constitue au fond une combinaison des deux premiers. Puisqu’au Québec nous avons instauré au
niveau municipal un modèle de régime politique qui nous est propre, est-il
utopique de penser qu’au troisième millénaire, des citoyens pourraient
concevoir un nouveau modèle de gouvernement adapté à la société
d’aujourd’hui? Quoi qu’il en soit, le
choix d’un modèle exige que l’on se pose préalablement un certain nombre de
questions. À cet effet, nous avons élaboré une grille d’analyse la plus neutre
possible et qui suppose que l’on réponde aux questions suivantes :
* Comment le
gouvernement est-il élu par le peuple?
* Comment le gouvernement
demeure-t-il toujours responsable au
peuple?
* Comment
organise-t-on la représentation du peuple?
* Qui possède le
pouvoir de faire les lois?
* Qui possède le
pouvoir d’appliquer les lois?
* Qui possède le pouvoir de juger de la
conformité aux lois?
* Quelles sont les relations de
collaboration et de contrôle entre ces trois pouvoirs?
Dans les grandes lignes,
voici comment les trois modèles traditionnels et le modèle municipal québécois
répondent fort différemment à ces questions.
UN RÉGIME PARLEMENTAIRE
En théorie, ce type de régime repose sur
la souveraineté du Parlement. Il rend le
pouvoir exécutif responsable au Parlement et donne au gouvernement la
prérogative de dissoudre le Parlement.
En pratique, le régime parlementaire a
beaucoup évolué avec le temps et ce n’est que dans le cas de gouvernements
minoritaires (le Canada en a eu 12 depuis 1867, le Québec aucun), qu’on
retrouve une pratique qui ressemble à la théorie de départ. Dans les faits, la pratique a conduit à une
très forte primauté de l’exécutif sur le législatif si bien qu’on doit répondre
ainsi aux questions de départ .
Il convient maintenant d’appliquer notre
grille d’analyse.
Comment le
gouvernement est-il élu par le peuple? (pouvoir
démocratique)
Réponse :
Indirectement. Le peuple élit des députés à l’Assemblée nationale et c’est la
configuration des partis politiques qui déterminera quel parti formera le
gouvernement.
Qui possède le
pouvoir de faire les lois ? (pouvoir
législatif)
Réponse : En théorie ce
sont les députés, mais en réalité, 99% des lois sont conçues et amenées par le pouvoir exécutif et elles restent sous
son contrôle.
Qui possède le
pouvoir d’appliquer les lois ? (pouvoir exécutif)
Réponse : En principe,
c’est le gouvernement, c’est-à-dire le premier ministre et ses ministres. Cependant le rôle du premier ministre au
chapitre des choix à faire est nettement prédominant.
Quelles sont les relations
de collaboration et de contrôle entre les pouvoirs exécutif et législatif?
Réponse : Hors la
situation de gouvernement minoritaire et avec en plus la pratique d’une rigide
discipline de parti, le gouvernement échappe à tout véritable contrôle du Parlement. L’utilité du Parlement est essentiellement
ramenée à une chambre de débats et un endroit où l’Opposition jouit d’une large discrétion pour interroger
le gouvernement mais sans la prérogative de pouvoir modifier ses décisions.
Avantages : Un
gouvernement doté d’une très forte autonomie de fonctionnement.
Un Parlement qui est rarement bloqué ou paralysé.
Désavantages : Le gouvernement n’est pas élu par le peuple.
Le Parlement, élu par le peuple, n’a pas de
vrais pouvoirs.
UN RÉGIME PRÉSIDENTIEL
Le régime présidentiel
permet l’élection du chef du pouvoir exécutif (le président) directement par le
peuple. Il établit une séparation nette entre le pouvoir du président et les
deux autres pouvoirs. Le modèle classique
est le système américain, mais on le trouve aussi dans plusieurs pays qui en
ont fait des adaptations. En fait, les
Québécois connaissent bien le régime présidentiel puisque nos institutions
municipales fonctionnent selon ce modèle.
Comment le
gouvernement est-il élu par le peuple ?
Réponse : Le pouvoir
exécutif c’est une personne, le président (ou évidemment le maire si on parle
du modèle municipal). La règle consiste
à élire cette personne au suffrage universel direct pour une période fixe, le
plus souvent quatre ou cinq ans. Le
Président est responsable directement au peuple pour son élection et répond au
parlement pour son administration.
Qui possède le
pouvoir de faire les lois ?
Réponse : Le
parlement. Comme le président ne peut
pas dissoudre le parlement et le parlement (sauf cas extrême) ne peut pas
renverser le président, le processus législatif se déroule sans recours à la
discipline de parti.
Qui possède le
pouvoir d’appliquer les lois ?
Réponse : Le président.
Comme le président ne provient pas du parlement, il n’y répond pas directement
(période de questions, études de crédits, etc.). Par contre, son administration est contrôlée de près par le parlement. Ainsi, par exemple, certaines grandes
nominations (juges de la Cour suprême, ambassadeurs, dirigeants d’organismes
d’État) peuvent devoir être approuvées par un vote du parlement. Enfin, dans des cas extrêmes, le parlement
dispose du pouvoir de démettre le président pour cause très grave.
Quelles sont les
relations de collaboration et de contrôle entre les deux pouvoirs ?
Réponse : Même si le
parlement conserve le pouvoir législatif, le président peut exercer un droit de
veto des lois. Ce type de veto ne peut
être levé par le parlement que par un vote qualifié, par exemple aux deux
tiers.
Avantages : Un
gouvernement élu par le peuple.
Un Parlement qui exerce
effectivement le pouvoir législatif et un véritable contrôle sur
l’administration.
Désavantages : Le président peut être paralysé par un
Parlement hostile.
La rigidité de la
séparation des pouvoirs peut ralentir le
processus législatif.
UN RÉGIME PRÉSIDENTIEL-PARLEMENTAIRE
Les institutions de la Ve République
française (constitution de 1958) ont été établies dans le but de prendre aux
deux autres régimes politiques leurs avantages, en évitant leurs
désavantages. En empruntant au modèle
présidentiel, on a recherché un pouvoir exécutif responsable au peuple et
efficace. En empruntant au modèle
parlementaire, on a cherché à préserver un parlement mais en lui donnant des pouvoirs réels. À l’inverse, on a voulu que l’exécutif ne
puisse pas être paralysé par le parlement mais que néanmoins le gouvernement
demeure responsable devant le parlement.
Comment le
gouvernement est-il élu par le peuple ?
Réponse : Le président
est élu par le peuple au suffrage universel direct pour cinq ans. Le premier ministre, nommé par le président,
est issu de l’Assemblée nationale.
Qui possède le pouvoir
législatif ?
Réponse : Le parlement
(Sénat et Assemblée nationale). Comme
dans le régime parlementaire, une importante part de la législation est
introduite par l’exécutif. Par contre,
comme la France est un pays à plusieurs partis politiques importants, il y a de
fortes probabilités que le parti du président soit minoritaire à l’Assemblée et
donc que celle-ci exerce un contrôle réel sur le gouvernement.
Qui possède le
pouvoir exécutif?
Réponse : La France a
un double exécutif. D’abord le président
qui, avant même d’être chef du gouvernement, est chef de l’État. Puis le premier ministre désigné par le
président comme chef de son gouvernement.
Quelles sont les
relations de collaboration et de contrôle entre ces deux pouvoirs ?
Réponse : Si le parti
du président est majoritaire à l’Assemblée nationale, le premier ministre sera
issu de ce parti et le système fonctionnera comme un système parlementaire
régulier. Le Président dispose alors de
la prérogative de dissoudre l’Assemblée et l’Assemblée dispose de la
prérogative de renverser le Premier ministre et son Conseil (mais non pas le
Président élu par le peuple). - Si par contre
le parti du Président est minoritaire à l’Assemblée, le Président
choisira comme Premier ministre un député capable de commander la majorité,
même si ce député appartient à un parti opposé au parti du Président. C’est ce que les Français appellent un régime
de cohabitation.
Avantages : Un exécutif élu directement par le peuple et
responsable à lui.
Un Parlement fonctionnel
avec des pouvoirs réels.
Désavantage :La
cohabitation est susceptible de rendre la gouverne plus difficile.
UN RÉGIME PROPREMENT QUÉBÉCOIS
Les Français ont innové, en 1958, en
construisant un système qui voulait retenir les avantages du système
parlementaire britannique et du système présidentiel américain. Ils désiraient ainsi réunir les avantages
d’un exécutif fort directement responsable au peuple à un pouvoir législatif
responsable et fonctionnel également
responsable au peuple.
Cependant, les Québécois
avaient réussi une semblable combinaison de deux systèmes bien avant les
Français. C’est notre système politique
municipal qui est en vigueur depuis de nombreuses années.
Comment l’exécutif
est-il élu ?
Réponse : Le maire est
élu par le peuple au suffrage universel direct pour quatre ans. Le maire choisit les membres du conseil
exécutif parmi les conseillers municipaux.
Qui possède le pouvoir
législatif ?
Réponse : le conseil
municipal, c'est-à-dire l’ensemble des conseillers
Quelles sont les
relations de collaboration et de contrôle entre ces deux pouvoirs ?
Réponse : Les maires et
les conseillers sont élus, au moyen de bulletins de vote séparés. Ils ont un mandat fixe de quatre ans. Comme le maire ne peut pas renvoyer le
conseil en élection, et que le conseil ne peut pas renverser le maire, la
discipline de parti n’est pas aussi
présente que celle que l’on retrouve dans le système parlementaire.
Y a-t-il une
opposition officielle?
Réponse : Il y a des
variations dans les régimes municipaux au Québec. À Montréal, le candidat à la mairie se
présente dans un district électoral comme conseiller et sur son bulletin
apparaît le nom d’un substitut.
Cependant, s’il perd la mairie mais que son substitut est élu dans un
district, le candidat à la mairie peut occuper lui-même le poste d’élu de
district et ainsi devenir chef de l’opposition officielle à l’Hôtel de
Ville. C’est le cas présentement de
Pierre Bourque à Montréal. À Québec, le
mécanisme du substitut n’existe pas.
C’est la configuration des partis qui déterminera s’il y a un chef
d’opposition de fait. Ainsi,
présentement, Andrée Boucher a été élue à la mairie à titre de candidate
indépendante. À la suite du scrutin,
elle doit composer avec un parti largement majoritaire dont le chef, Ann
Bourget, agit de fait comme chef de l’opposition officielle.
Avantages : Le chef de
l’exécutif élu directement par le peuple.
Des conseillers plus
responsables à leurs quartiers qu’à leurs partis.
Des élections à date fixe.
Désavantages : Possibilité
que le maire ait à faire face à un conseil hostile.
VOUS POUVEZ MAINTENANT
RÉPONDRE AUX QUESTIONS DE LA PREMIÈRE PARTIE DU TROISIÈME VOLET.
Troisième volet
Deuxième partie
Dans une constitution, en parallèle aux
pouvoirs législatif et exécutif, existe le pouvoir judiciaire. C’est le pouvoir
de juger de la conformité aux lois et de sanctionner les contrevenants.
Mais s’attaquer au pouvoir judiciaire dans
une « constitution pour aujourd’hui » pose des problèmes
particuliers. La constitution canadienne
actuelle prévoit que les provinces canadiennes, donc le Québec, peuvent
modifier leur constitution autant qu’elles le veulent à deux conditions :
ne pas toucher au poste de lieutenant gouverneur et ne pas modifier les
juridictions assignées aux provinces dans la fédération canadienne.
Dans la constitution canadienne actuelle, le
pouvoir judiciaire a des applications tant au niveau fédéral que
provincial. Par exemple, le droit
criminel est du ressort du gouvernement fédéral; le droit civil du ressort du
gouvernement du Québec. Mais les cours d’appel, même en matière civile, sont
nommées par le gouvernement fédéral.
Ainsi, le Québec a sa propre cour, la Cour du Québec, mais le
gouvernement fédéral maintient une Cour supérieure au Québec. De plus, le gouvernement fédéral désigne les
membres de la Cour suprême.
En un mot, on ne
peut pas créer de toutes pièces un nouveau pouvoir judiciaire dans le cadre
d’une constitution pour le Québec d’aujourd’hui. Mais cela n’enlève pas la
possibilité d’y prévoir des améliorations importantes. Toutefois, nous ne vous
soumettons pas d’extraits de constitutions de certains autres pays comme nous
l’avons fait dans les chapitres précédents ; nous allons plutôt nous
limiter ici à vous poser une série de questions. Elles auront trait à la nomination et à la formation des juges, à
leur indépendance, à l’administration de la justice, à la citoyenneté
québécoise, etc. Enfin, si d’autres
aspects liés au pouvoir judiciaire vous semblaient d’un certain intérêt, vous
pouvez les évoquer en fin de questionnaire.
VOUS POUVEZ
MAINTENANT RÉPONDRE AUX QUESTIONS DE LA DEUXIÈME PARTIE DU TROISIÈME VOLET.
Quatrième volet
Première partie
Le peuple, dont découle la souveraineté de l’État, ne fait
pas qu’habiter le territoire national du Québec. Le citoyen vit, travaille, étudie et, de
façon générale, organise sa vie sociale, culturelle et économique dans son
quartier, dans sa ville, dans sa région.
Or, présentement les municipalités sont des «créations» de l’État
québécois, et les régions sont des divisions purement administratives de
l’État. Si on le désire, la rédaction
d’une constitution offre l’occasion d’effectuer des changements à ces
chapitres.
De même, la
décentralisation, ou transfert de pouvoirs réels de Québec vers les régions,
fait l’objet de délibérations incessantes depuis des décennies. Là encore, si on le souhaite, la constitution
peut permettre de définir un cadre plus précis en ce qui concerne la
répartition des pouvoirs.
QUELQUES SOURCES D’INSPIRATION
La Constitution de
la Suisse :
v « L’autonomie communale est garantie dans les
limites fixées par le droit cantonal. La Confédération tient compte des
conséquences éventuelles de son activité pour les communes. Ce faisant, elle prend en considération la situation particulière des villes, des
agglomérations urbaines et des régions de montagne. » (article 50)
v « La Confédération laisse aux cantons une marge
de manœuvre aussi large que
possible et tient compte de leurs particularités. La Confédération tient compte de la charge financière
qu’entraîne la mise en œuvre du droit fédéral; elle laisse aux cantons des
sources de financement suffisantes et opère une péréquation financière
équitable. » (article 46)
Les États Généraux
sur la réforme des institutions démocratiques
(2003)
Recommandation 10 du Comité
directeur :
« Que le gouvernement accélère la décentralisation des pouvoirs vers les
régions afin d’en faire de véritables partenaires du développement du Québec,
selon des ententes devant intervenir avec chacune d’elles. »
Rapport de la
Commission nationale sur l’avenir du Québec (1995)
« Le citoyen constitue le pivot de la
décentralisation.
Les citoyennes et les citoyens élisent leurs
représentants au suffrage universel et ces derniers répondent de leurs
décisions devant l’ensemble de la population, dont ils tiennent leur mandat
(principe d’imputabilité).
Les nouvelles instances décentralisées doivent se
voir reconnaître l’autonomie la plus large possible et la maîtrise d’œuvre de
leur développement dans leurs domaines respectifs de responsabilité.
Les pouvoirs régionaux se dotent des ressources
financières et fiscales adéquates et proportionnelles aux nouvelles responsabilités
qui leur sont dévolues.
Il faut faire en sorte que la responsabilité d’un
service public soit confiée au palier de gouvernement le mieux placé pour le
fournir à meilleur coût à la population ».
VOUS POUVEZ
MAINTENANT RÉPONDRE AUX QUESTIONS DE LA PREMIÈRE PARTIE DU QUATRIÈME VOLET.
Quatrième volet
Deuxième partie
La démocratie, c’est
l’affaire directe du peuple. On appelle « démocratie directe »
l’intervention populaire sans intermédiaire; par exemple, l’élection du chef du
gouvernement au suffrage universel, le référendum, l’initiative populaire.
La complexité de nos sociétés fait qu’il
n’est pas toujours fonctionnel que le peuple décide directement. De ce cas, on pratique la « démocratie
représentative », c’est-à-dire la décision populaire prise par
l’intermédiaire d’élus ou de députés.
Les règles pour l’élection des députés
s’appellent le mode de scrutin ou système électoral. Généralement, sauf dans le cas de l’élection du chef du
gouvernement, le mode de scrutin est
déterminé par la loi électorale et non pas dans la constitution. Cependant plusieurs constitutions incluent
des dispositions pour protéger des
éléments importants du système électoral ou pour
« constitutionnaliser » un système électoral en particulier.
QUELQUES SOURCES
D’INSPIRATION
La constitution de
la Belgique :
v « Les élections se font par le système de
représentation proportionnelle que la loi détermine.Le vote est obligatoire et
secret. » (article 62)
La constitution de
la Finlande :
v « Les députés sont élus au suffrage direct,
proportionnel et secret. Lors des
élections, chaque électeur a un droit de vote égal. » (article 24)
La constitution de
l’Irlande :
v « Les membres (du Parlement) seront élus selon
le système de représentation proportionnelle par vote unique transférable. (article 16)
La constitution de
la Suisse :
v « Les députés sont élus par le peuple au suffrage direct selon le système
proportionnel. » (article 149)
VOUS POUVEZ
MAINTENANT RÉPONDRE AUX QUESTIONS DE LA PREMIÈRE PARTIE DU QUATRIÈME VOLET.
LEXIQUE
Réfléchir à ce que devrait
être la Constitution du Québec d’aujourd’hui exige qu’on puisse nommer les
concepts qui s’y rapportent. Comme il s’agit d’un domaine souvent réservé aux
spécialistes, le langage employé dans le cadre de notre démarche peut paraître
complexe. Dès lors, en parcourant vos documents de travail et en tentant
d’approfondir vos conceptions des différentes fonctions d’une constitution, il
se peut que vous sentiez le besoin de valider votre compréhension de quelques
mots ou expressions. Il est également possible que vous rencontriez des termes
avec lesquels vous n’êtes aucunement familiers.
Nous avons voulu éviter que cette difficulté constitue un obstacle à vos
réflexions. Ainsi, nous avons cru bon d’inclure dans ce document un lexique
d’une centaine de mots rattachés à certains des sujets que vous aborderez. Plus
précisément, vous constaterez que les principales définitions contenues dans le
lexique des pages suivantes s’appliquent à la nature et au fonctionnement de
nos institutions politiques. Nous espérons qu’elles sauront clarifier vos
connaissances et vous être des plus utiles dans le cadre de cet exercice.
Les entrées qui suivent proviennent du
« lexique sur les institutions politiques et les sytèmes électoraux »
préparé par christina turcot, dans le cadre d’un atelier sur « la réforme
des institutions » à l’école nationale d’administration publique à Québec,
en 2001.
Certaines des définitions ont été raccourcies ou adaptées à
l’étude d’une constitution.
Lexique
Institutions
politiques et systèmes Électoraux
A
Aile parlementaire (d'un parti)
Ensemble
des députés d'un parti politique (par opposition aux dirigeants, aux militants
et aux permanents de ce parti).
Assemblée constituante
Réunion de délégués ou de représentants ayant le pouvoir d’élaborer une
nouvelle Constitution ou de réviser celle qui existe.
En principe, une telle assemblée est conçue et organisée de telle sorte
que tous les secteurs et toutes les tendances que l’on trouve au sein de l’État
soient démocratiquement représentés.
Assemblée législative
1. Au sens large, désigne une institution titulaire du pouvoir
législatif.
2. De façon plus précise, l’expression peut aussi désigner une chambre
spécifique; c’est le cas pour six provinces canadiennes, tout comme c’était le
cas au Québec de 1867 à 1968, où la chambre basse du Parlement du Québec
portait le nom d’Assemblée législative de la province de Québec.
Assemblée nationale
Nom
donné à la Chambre unique du Parlement du Québec depuis 1968.
L’Assemblée nationale du Québec est composée de 125 députés représentant
autant de circonscriptions électorales.
Audition
Procédure par laquelle une commission parlementaire entend des personnes
ou des représentants de groupes de pression ou d'organismes publics ou privés
sur des sujets d'intérêt public.
B
«Balance du pouvoir»
Expression qui décrit une situation propre au régime parlementaire,
situation qui se produit quand aucun des grands partis politiques ne contrôle
la majorité absolue des sièges à l’Assemblée législative et quand un parti
politique, généralement de moindre importance, contrôle un nombre suffisant de
siège pour permettre à l’un des grands partis d’atteindre cette majorité. Le
choix d’alliance ou de coalition de ce tiers parti déterminera lequel des
grands partis exercera le pouvoir.
Dans une assemblée de 125 membres, où les partis X, Y et Z auraient
respectivement 55, 50 et 20 sièges, la «balance du pouvoir» appartiendrait au
parti Z qui pourrait faire «balancer le pouvoir» en donnant ou en retirant son
appui au parti X.
Bicaméralisme (ou bicamérisme)
Caractéristique de certains parlements composés de deux chambres. C’est
le cas, entre autres, du Parlement canadien (Chambre des communes et Sénat) et
du Congrès des États-Unis d’Amérique (Chambre des représentants et Chambre du
Sénat).
Le Parlement québécois était bicaméral jusqu’à l’abolition du Conseil
législatif en 1968.
Bipartisme
Situation caractéristique de certains pays occidentaux démocratique où deux
grands partis dominent la vie politique et occupent la scène parlementaire.
Bien que des tiers partis puissent exister, ils demeurent marginaux sur le plan
électoral et, dans les faits, seulement les deux plus grands partis sont
susceptibles de parvenir au pouvoir. Généralement, on constate une alternance
(plus ou moins régulière), dans l’exercice du pouvoir, de ces deux grands
partis. C’est le cas aux États-Unis (partis démocrate et républicain), au
Québec (partis libéral et québécois), en Grande-Bretagne (partis conservateur
et travailliste) et pratiquement dans tous les pays qui utilisent le mode de
scrutin majoritaire uninominal à un seul tour.
C
Cabinet
Ensemble des ministres qui forment, avec le premier ministre, le Conseil
exécutif. Voir aussi Conseil des ministres.
Tout en étant composé de membres du Parlement, le Cabinet exerce le
pouvoir exécutif et constitue ce qu’on appelle le gouvernement : il
propose les grandes orientations législatives (et donc les projets de lois),
est responsable de la mise en œuvre des lois (il contrôle la fonction publique
et administre le budget de l’État) et de la gestion des affaires publiques. La
nomination des ministres, leurs responsabilités respectives et leur nombre sont
déterminés par le premier ministre.
«Cabinet fantôme» («shadow cabinet»)
Ensemble des députés de l'opposition désignés pour agir comme
porte-parole de leur parti dans un secteur administratif donné.
Autrefois, seule une partie des députés formait le «cabinet fantôme».
Aujourd’hui, tous les députés, sauf de rares exceptions, ont la responsabilité
d’un dossier.
Campagne électorale
Période, précédant une élection, pendant
laquelle les candidats et les partis politiques sont admis à faire valoir leurs
arguments en vue de recueillir le suffrage des électeurs.
Candidat
Personne qui sollicite un mandat parlementaire auprès des électeurs.
Capacité électorale
Aptitude légale pour être électeur.
Carte électorale
Représentation à échelle réduite d'un territoire divisé en
circonscriptions électorales.
Caucus
1. Ensemble des députés d'un parti politique. Syn. d'aile parlementaire.
Voir aussi Aile parlementaire, groupe parlementaire.
2. Chacune des assemblées (réunions) de ces députés.
Chambre
1. Assemblée parlementaire.
2. Lieu où siège cette assemblée.
Chambre basse
Dans les parlements bicaméraux, chambre élue au suffrage universel
direct.
Par exemple, la Chambre des communes, à Ottawa, ou l'Assemblée
législative de Québec avant 1969.
Chambre haute
Dans les parlements bicaméraux, seconde chambre dont les membres sont
nommés par le gouvernement (Voir aussi Conseil législatif, Sénat) ou élus (par
exemple, le Sénat américain).
Chef du gouvernement
Personne que dirige le gouvernement et qui est l’ultime responsable de la
direction politique de l’État. Le mode de désignation du chef du gouvernement,
de même que l’étendue de ses pouvoirs et prérogatives, varient selon la nature
du régime politique. Voir aussi Premier ministre.
Au Canada, que ce soit au niveau fédéral ou provincial, il s’agit du
premier ministre, en principe nommé par le chef de l’État (le gouverneur
général ou le lieutenant-gouverneur), mais dans les faits, le titre est
attribué au chef du parti politique qui a obtenu le plus de sièges à
l’Assemblée législative au moment des élections générales.
Chef de l'état
Terme générique pouvant désigner la personne placée à la tête d’un État
ou la fonction correspondante. Le titre de chef d’État peut être obtenu par
élection, par nomination (généralement par une assemblée législative) ou par
voie héréditaire.
Les fonctions de chef de l’État peuvent être purement symboliques et
protocolaires. C’est le cas des monarchies constitutionnelles comme le
Royaume-Uni, le Canada ou la Suède, où une reine ou un roi sont les chefs de
l’État. Ils occupent la fonction représentant le pouvoir et l'autorité, mais
n'exercent pas de pouvoir réel. Dans d’autres cas, au contraire, les fonctions
du chef de l’État sont très importantes sur le plan politique. Par exemple,
dans un régime présidentiel de type américain, le chef de l’état cumule aussi
les fonctions de chef du gouvernement.
Chef de l'opposition officielle
Chef du parti qui, après le parti majoritaire, compte le plus grand
nombre de membres à l'assemblée.
Circonscription électorale
Division territoriale effectuée en vue des élections et à l’intérieur de
laquelle les électeurs votent pour élire un ou des candidats qui les
représentent au sein d’une assemblée parlementaire. L’ensemble des
circonscriptions constitue la « carte électorale ».
Une circonscription est dite uninominale si elle n’élit qu’un seul
représentant ou plurinominale si elle en élit plusieurs. Au Québec, avant 1979,
le terme officiellement utilisé au lieu de circonscription était
« district électoral », et avant 1866, on utilisait le mot comté
(électoral). Depuis 1979, la Commission de la représentation électorale
est chargée de la délimitation et de la dénomination des «circonscriptions
électorales», expression introduite dans la loi, la même année, pour désigner
ce qu'on appelait «districts électoraux» depuis 1867 et ce qu'on appelle encore
«comtés» dans le langage courant.
Citoyen, citoyenne
1. (Substantif) Individu qui
bénéficie de droits et qui doit répondre à certains devoirs dans une
collectivité démocratique.
2. (Adjectif) Relatif à l'esprit
civique, à la citoyenneté et aux conditions de son exercice.
Citoyenneté
1. Qualité juridique qui
garantit à son titulaire la jouissance des libertés publiques et l'électorat
(sauf pour les femmes dans les pays où ce dernier droit ne leur est pas
accordé).
2. Au Canada, synonyme de
nationalité.
Coalition
L’alliance de deux ou plusieurs groupes ou partis politiques, qui
joignent leurs forces pour la formation d’un gouvernement.
Collège électoral
Ensemble des électeurs d'une circonscription électorale. Voir aussi Corps
électoral, électorat.
Commission
1. Organe interne de l'Assemblée chargé d'effectuer une tâche législative
ou d'exercer un contrôle de l'action gouvernementale.
On utilise généralement ce mot pour désigner un groupe restreint de parlementaires
réunis pour l’étude d’un sujet précis (commission spéciale) ou pour toute la
législature (commission permanente) mais ce terme s’applique aussi à la commission plénière (formée de tous les
membres de l’Assemblée) qui n’est en fait que l’Assemblée siégeant en vertu de
règles différentes.
2. Familièrement, séance d’une commission.
Commission de la représentation électorale (cre)
Organisme de l’Administration québécoise responsable de préparer la carte
électorale. Le Directeur général des élections du Québec est président d’office
de la CRE.
Confédération
Union d’États sans qu’aucun d’eux ne cède sa souveraineté.
Le Canada, comme la Suisse, portent le nom de « confédération »
mais n’en sont pas.
Conseil des ministres
Instance délibérante du pouvoir exécutif qui se réunit chaque semaine, en
principe, sous la présidence du premier ministre.
Le Conseil des ministres est désigné officiellement par l'appellation
«Conseil exécutif» ou ministère du Conseil exécutif.
Conseil exécutif
1. Ministère dirigé par le premier ministre.
2. Appellation officielle du Conseil des ministres.
Conseil législatif
De 1867 à 1968, chambre haute du Parlement de Québec formée de personnes
nommées par l'Exécutif.
Constitution
Ensemble des règles écrites ou coutumières qui déterminent la structure
de l'État, attribuent des pouvoirs aux différentes instances et en règlent
l'exercice.
Consacrant la volonté des citoyens de constituer un État, la Constitution
est la loi « suprême » d’un pays.
Tous les acteurs politiques doivent en respecter les préceptes et aucune
autre loi ne pourrait la transgresser. Généralement, il s’agit d’un document
juridique (bien que les traditions puissent avoir force de conventions
constitutionnelles, comme c’est le cas au Canada, par exemple) où sont précisés
les principes et les idéaux qui ont présidé à la création de l’État, de même
que l’organisation et le mode de fonctionnement des pouvoirs publics, qui sont
eux-mêmes soumis à cette loi fondamentale.
Consultation générale
Procédure en vertu de laquelle une commission parlementaire invite les
personnes ou les organismes intéressés à exprimer leurs opinions sur le sujet
qu’elle étudie.
Consultation particulière
Procédure en vertu de laquelle une commission parlementaire sollicite
l'opinion de personnes ou d'organismes qui ont une connaissance ou une
expérience particulière du domaine qu'elle examine.
Contrôle parlementaire
Ensemble des procédures par lesquelles les parlementaires examinent,
discutent, surveillent et vérifient les actes de l'Exécutif.
Corps électoral
Ensemble des électeurs et, par conséquent, des collèges électoraux. Voir
aussi Collège électoral, électorat.
Corps législatif
Ensemble
organisé (parlement, assemblée, sénat, conseil) ayant pour fonction d’adopter
les lois.
Selon le contexte, l'autorité royale ou l'État.
D
Débats parlementaires
Ensemble des délibérations menées par le Parlement dans l’exercice de son
pouvoir de légiférer et de surveiller les actes du gouvernement.
Décret
Décision réglementaire écrite émanant du pouvoir exécutif.
Depuis 1980, dénomination de toutes les décisions du Conseil exécutif
qu'on appelait alors des «arrêtés en Conseil» et, au XIXe, des
« ordres en Conseil » (Order in
Council).
Déficit démocratique
Manque de démocratie qui se manifeste
dans certaines institutions politiques intergouvernementales en raison du rôle
prépondérant qu'y joue le pouvoir exécutif (représenté par les ministres et les
chefs d'État) au détriment du pouvoir législatif (représenté par les
parlementaires).
La notion de « déficit
démocratique » s'est développée dans le contexte de l'Union européenne et de la
mondialisation. À l'origine de ce déséquilibre réside le fait que les États
sont représentés au sein de grands ensembles politiques par leurs exécutifs respectifs,
dont les travaux échappent aux parlementaires de chaque pays représenté. Il en
résulte un rétrécissement de l'espace public accessible aux citoyens. La notion
de « déficit démocratique » s'est élargie et désigne parfois aussi, selon le
contexte, un manque de démocratie dans une institution qui se traduit notamment
par un manque de transparence dans son fonctionnement, un manque de légitimité
politique de ses représentants et un écart trop grand entre le citoyen et les
instances décisionnelles.
Démocratie
Du grec demos, peuple, et kratos,
pouvoir. Principe selon lequel l’ensemble des citoyens, libres et égaux, exerce
la souveraineté politique et contrôle le pouvoir. « Gouvernement du
peuple, par le peuple, pour le peuple » selon l’expression du président
américain Abraham Lincoln (1809-1865).
Toutefois, de façon générale, le terme désigne un régime politique où le
peuple et donc l’ensemble des acteurs politiques choisissent, contrôlent et
disposent des autorités. Celles-ci, interchangeables, sont responsables
(doivent répondre de la gouverne de la Cité) et redevables (doivent rendre
compte à la population, à tous le moins au moment des élections générales). Un
tel régime n’est possible que sur la base de droits et libertés également
répartis et garantis : droit à l’éducation et à l’information, droit de
vote, libertés d’opinion, etc.
Démocratie représentative
Conception de la démocratie
selon laquelle le peuple choisit des représentants qui ont le pouvoir d’exercer
le pouvoir en leur nom. Le système politique du Québec et du Canada se rattache
à cette conception.
Député
Personne élue pour faire partie de l’assemblée législative (l’Assemblée
nationale, au Québec).
En régime parlementaire de type britannique, le député représente la
population de la circonscription électorale où il a obtenu la pluralité des
voix lors de la dernière élection. À ce titre, il exerce trois fonctions. Comme
membre du Parlement, il est législateur et participe ainsi à l’étude, aux
débats et aux votes des projets de lois. Toujours lors des séances du
Parlement, il a le pouvoir de questionner les membres du gouvernement,
obligeant ces derniers à rendre des comptes à l’opinion publique et joue ainsi
un rôle de contrôleur. Enfin, il doit servir d’intermédiaire entre les gens de
sa circonscription (ses commettants) et l’État.
Député d'arrière-banc ou d'arrière-ban
Député qui n'occupe aucune autre fonction que celle de membre de
l'Assemblée.
On emploie plus souvent les expressions «backbencher» ou «simple député».
Député ministériel
Député membre du parti dont sont issus les ministres.
Directeur général des élections
1. Organisme de l’Administration québécoise responsable de
l’administration des scrutins, de la liste permanente des électeurs, du
contrôle du financement des partis, des dépenses électorales ainsi que du
contrôle du financement et des dépenses électorales dans les villes de
10 000 habitants et plus.
2. Personne désignée par l’Assemblée nationale pour assurer l’exécution
de la Loi électorale.
Discipline de parti
Position commune imposée aux membres d'un parti politique.
On emploie parfois l'anglicisme «ligne de parti».
Dissidence
Divergence d’opinion dans un groupe
politique ou parlementaire.
Dissolution
Acte par lequel le lieutenant-gouverneur, sur recommandation du premier
ministre, met fin au mandat des députés, ce qui entraîne la tenue d'élections
générales.
E
Électeur, électrice
1. Personne qui remplit les conditions pour exercer le droit de vote.
2. Citoyen qui exerce son droit de vote.
Au Québec, les conditions nécessaires pour avoir la qualité d’électeur
sont les suivantes : avoir 18 ans, être de citoyenneté canadienne, être
domicilié au Québec depuis six mois et ne pas être sous curatelle.
Élection
Procédure par laquelle un mandat public est conféré pour une période
déterminée à une ou plusieurs personnes au moyen d'un vote.
Élection générale
Élection visant à renouveler la totalité des sièges de l'Assemblée.
Électorat
1. Qualité d'électeur.
2. Ensemble des électeurs. Voir aussi Corps électoral.
Éligibilité
Capacité juridique de faire acte de candidature à une élection.
État
Autorité
politique souveraine d'un groupe humain établi de manière fixe sur un
territoire délimité par des frontières, dont l'existence dépend juridiquement
d'elle-même et qui relève directement du droit international public.
Peut
aussi être synonyme d’appareil gouvernemental et désigne alors l’autorité
politique constituée qui exerce la souveraineté politique et contrôle
l’administration centrale d’un pays, d’une province. L’État possède le monopole
de la force, contrôlant la police et, en dernière instance, l’armée, ce qui en
fait un acteur politique de premier plan.
G
Gouvernement
1. Le terme désigne le pouvoir qui dirige l’État, ou encore l’institution
ou les personnes qui exercent ce pouvoir. Le gouvernement détermine les grandes
orientations de l’État (la «gouverne»), et donc les grandes orientations
législatives. Plus ou moins synonyme de pouvoir exécutif, le gouvernement est
aussi responsable de la mise en œuvre des lois; en conséquence, il gère le
budget de l’État et contrôle la fonction publique.
Généralement, le gouvernement est confié à un organe collégial dirigé par
un chef de gouvernement. En régime parlementaire, il s’agit du premier ministre
et de son Cabinet ou Conseil des ministres. En régime présidentiel, il s’agit
du président et de ses conseillers ou secrétaires (bien que dans ce régime, le
président soit seul responsable du gouvernement).
2. Dans un sens plus large, le terme gouvernement peut aussi désigner
l’ensemble des pouvoirs publics, ou encore l’ensemble de l’appareil
gouvernemental.
Gouvernement majoritaire
Gouvernement issu d'un parti qui possède la majorité des sièges à
l'Assemblée nationale.
Gouvernement minoritaire
Gouvernement issu d'un parti qui ne possède pas la majorité des sièges à
l'Assemblée nationale et qui doit avoir la confiance d'un tiers parti ou de
plusieurs tiers partis pour se maintenir au pouvoir.
Gouvernement représentatif
Gouvernement où l’autorité politique
appartient à des personnes élues qui agissent ensuite au nom de leurs
commettants (par opposition au gouvernement direct où les citoyens peuvent
participer personnellement à l’exercice du pouvoir).
Le gouvernement parlementaire et le gouvernement présidentiel sont deux
types de gouvernements représentatifs.
Gouvernement responsable ou parlementaire
Gouvernement représentatif où les membres de l’Exécutif, normalement
choisis parmi la députation, sont responsables devant la chambre élue.
Groupe de pression
Organisation (association, entreprise,
syndicat, etc.) qui intervient auprès des autorités gouvernementales pour
promouvoir son point de vue et ses intérêts.
Cette expression est davantage utilisée que « groupe
d’intérêt ».
Groupe parlementaire
Organisation qui rassemble certains membres d'une assemblée en raison de
leurs affinités politiques. Voir aussi Aile parlementaire, caucus.
Au Québec, tout groupe d’au moins 12 députés élus sous la bannière d’un
même parti ou tout groupe de députés élus sous la bannière d’un parti qui a
obtenu au moins 20 pour cent des voix aux dernières élections générales
constitue un groupe parlementaire. Cette expression a été introduite dans le Règlement en 1984 pour remplacer «parti
reconnu», notion introduite en 1970, mais elle n’a pas supplanté
« parti » dans le langage courant. En pratique, au Québec, groupe et
parti se confondent alors qu'en Europe il arrive qu'un groupe réunisse des
parlementaires appartenant à plus d'un parti.
I
Immunité parlementaire
Droit exceptionnel dont jouissent les parlementaires afin d'exercer
librement leurs fonctions.
Imputabilité
Obligation qui incombe à un
gestionnaire, un dirigeant, un administrateur, de démontrer que, dans la
gestion et le contrôle des ressources qui lui sont confiées, il s’est conformé
à certaines conditions explicites ou implicites.
L’imputabilité interne se caractérise par une reddition
de comptes à l’intérieur des structures gouvernementales, c’est-à-dire d’un
niveau hiérarchique à un autre jusqu’au sous-ministre ou au dirigeant
d’organisme. À leur tour, ces derniers répondent de leurs gestes devant
l’exécutif, c’est-à-dire les ministres responsables des ministères et des
organismes. Cette reddition de comptes n’est pas publique.
L’imputabilité externe se confond avec la responsabilité
ministérielle. C’est la reddition de comptes des ministres, sur la place
publique, devant les représentants élus. Le concept d’imputabilité externe,
devant le Parlement, a été étendu aux sous-ministres ou aux dirigeants
d’organismes. La Loi sur l’administration
publique (LRQ, A-6.01, a. 29) établit clairement que ceux-ci sont
«imputables devant l’Assemblée nationale de leur gestion administrative».
Indépendant
Parlementaire n'appartenant à aucun groupe.
Initiative
Droit conféré au gouvernement (initiative gouvernementale) ou aux
parlementaires (initiative parlementaire) de présenter des projets de loi.
Initiative populaire
Mécanisme permettant à un
certain nombre de citoyens, ayant préalablement recueilli l’appui d’une
proportion prédéterminée de la population par le biais de la signature d’une
pétition, d’exiger la tenue d’un référendum sur une question donnée.
Institutions politiques
Ensemble des structures
formelles mises en place dans un pays donné afin d’asseoir l’autorité de l’État
et d’articuler les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Par exemple, la
Constitution, les lois, le Parlement, le système électoral, etc. L’étude des
institutions est fondamentale pour déterminer et comprendre la nature d’un
régime politique, quel qu’il soit.
Institutions parlementaires
Ensemble des formes et des structures établies par la loi ou l’usage qui
constituent le Parlement ou y sont rattachées.
L
Législateur
Personne qui fait les lois.
Législatif, législative
1. (Adjectif) Relatif aux lois, à leur adoption.
2. (Substantif) Syn. de pouvoir législatif.
Législation
Ensemble des lois en vigueur dans un pays ou dans un domaine déterminé.
Législature
1. Durée du mandat collectif des membres de l'Assemblée nationale, soit
la période de temps qui s’écoule entre deux élections générales,
d’une durée maximale de cinq ans.
Une législature
peut comprendre une ou plusieurs sessions.
2. Le corps législatif d'un pays.
Lieutenant-gouverneur
Représentant de la Couronne dans chacune des provinces canadiennes.
Ligne du parti
Orthodoxie définie par un parti et liant
chacun de ses militants. .
Liste
La liste des candidats choisis par un parti politique pour briguer les
suffrages sous sa bannière et proposée aux électeurs dans un système
proportionnel de liste. Cette liste peut être « bloquée » ou
« ouverte ».
Liste bloquée
Selon cette variante des systèmes proportionnels de liste, l’électeur
doit voter pour la liste complète d’un parti, sans possibilité d’indiquer une
préférence pour l’un ou l’autre des candidats.
Liste ouverte
Ce mode de représentation proportionnelle permet à l’électeur d’indiquer
un ordre de préférence parmi les candidats d’un parti ou entre les partis. La
liste ouverte peut aussi être « panachée ». Voir panachage.
LISTE
PANACHÉE
Système de votation
qui donne à l’électeur la liberté de choisir des candidats parmi des listes
diverses sans être tenu à suivre l’ordre établi par les partis.
Loi constitutionnelle
Nom générique donné, depuis 1982, à l'Acte
de l'Amérique du Nord britannique et à ses amendements.
M
Majorité
Groupement de voix permettant, par la supériorité du nombre, d'emporter
une décision dans un vote.
Majorité absolue
Majorité réunissant plus de la moitié des suffrages exprimés ou des
membres de l'Assemblée.
Majorité qualifiée
Majorité renforcée supérieure à la majorité absolue (ex. majorité des
deux tiers, des trois cinquièmes, etc.).
Majorité parlementaire
Groupe ou coalition qui détient le plus grand nombre de sièges.
Majorité relative ou majorité simple
Majorité obtenue par un candidat ou par une opinion qui a obtenu plus de
suffrages que les autres sans atteindre la majorité absolue.
Mandat
1. Mission, tâche, responsabilité confiée à une personne, un groupe ou
une institution.
2. Période de temps durant laquelle un élu a le droit d’exercer sa
fonction. Par exemple, le mandat du président des États-Unis est de quatre ans,
jour pour jour, et ne peut être renouvelé qu’une seule fois.
Ministère
1. Autrefois synonyme de gouvernement.
2. Ensemble des services placés sous l'autorité d'un ministre.
Ministériel
1. (Adjectif) Relatif à un ministre, à un ministère ou au ministère (pris
dans son sens ancien de «gouvernement»).
2. (Substantif) Député membre du
« parti ministériel », le groupe parlementaire formant le gouvernement.
Ministre
Membre du Conseil exécutif.
Minorité parlementaire
Ensemble des parlementaires formant l'opposition dans une assemblée.
Mode de scrutin
Le mode de scrutin correspond à l’ensemble des règles qui régissent
l’organisation d’un scrutin ou d’un vote. Plus simplement, le mode de scrutin
correspond à une façon particulière d’élire des candidats lors d’une élection.
Il existe trois grandes catégories de modes de scrutin : les systèmes
majoritaires, proportionnels et mixtes.
Monarchie constitutionnelle
Régime politique où l’autorité du
monarque (chef de l’État) a été fortement limitée, voire réduite à sa plus
simple expression, par la pratique constitutionnelle.
Monocaméralisme (ou monocamérisme)
Système d'organisation du Parlement qui consiste à confier le pouvoir
législatif à une seule assemblée.
Multipartisme
Régime politique caractérisé par l’existence et la compétition d’un grand
nombre de partis politiques.
Formellement, tous les régimes démocratiques autorisent le multipartisme.
Cependant, dans certains systèmes politiques utilisant le mode de scrutin
majoritaire à un seul tour (Québec, États-Unis, etc.) ce n’est qu’un
multipartisme de façade qui prévaut. Les autres modes de scrutin, la
représentation proportionnelle par exemple, favorisent bien davantage le
multipartisme.
O
Opposition
Ensemble des parlementaires appartenant aux partis ou aux groupes qui
s'opposent à l'action gouvernementale.
Opposition officielle
Groupe, au sein de l'opposition, qui détient le plus de sièges au Parlement.
P
Parité
Représentation égalitaire des hommes et des femmes au sein des
institutions politiques.
Parlement
Institution politique délibérante investie du pouvoir législatif.
Depuis 1969, l'Assemblée nationale et le lieutenant-gouverneur forment le
Parlement du Québec, la deuxième chambre (le Conseil législatif) ayant été
abolie.
Parlementaire
1. (Substantif) Membre du Parlement.
Dans le contexte québécois, «parlementaire» et «député» sont pratiquement
synonymes, car le lieutenant-gouverneur est le seul parlementaire qui ne soit
pas député.
2. (Adjectif) Relatif au Parlement.
Parlementarisme
Régime, gouvernement parlementaire. Voir
ces mots.
Parti
Groupement organisé de personnes en vue de la prise ou de la conservation
du pouvoir politique.
Parti autorisé
Parti qui a obtenu l’autorisation préalable du Directeur général des
élections.
Participation électorale
Le pourcentage des électeurs qui ont voté lors d’une élection, par
rapport au nombre des électeurs inscrits sur la liste électorale permanente.
Parti(s) d’opposition
Désigne le ou les partis politiques opposés au parti (ou à la coalition)
qui détient le pouvoir.
En régime parlementaire de type britannique, on distingue parmi les
partis d’opposition le parti de l’opposition officielle. Ce dernier est le
parti politique qui s’est classé deuxième pour le nombre de députés élus au
Parlement.
Parti ministériel
En régime parlementaire, le parti ministériel est celui qui fait élire le
plus de députés aux élections générales et qui contrôle donc le plus de sièges
à l’Assemblée législative. Son chef,
s’il est élu dans sa circonscription, devient premier ministre et donc chef du
gouvernement. Il a le privilège de choisir, parmi les membres de son caucus,
ceux qui deviendront ses ministres.
Partisan, partisane
1. Qui prend parti pour un régime ou pour un homme politique.
2. Qui manifeste une préoccupation exclusive des intérêts de son parti.
« Partisanerie »
Esprit partisan, attitude partisane.
L’expression a été considérée comme un barbarisme mais elle existe en
français selon Robert. On utilisait davantage autrefois l'expression «esprit de
parti» (de l’anglais « party spirit »).
Pétition
Écrit adressé aux pouvoirs publics, et plus spécialement au Parlement,
dans lequel un ou plusieurs individus expriment leurs opinions, formulent leurs
plaintes ou préconisent des mesures.
Peuple
Terme dont l’usage s’apparente à celui de population, mais qui a une
signification plus précise : il désigne l’ensemble des citoyens d’un pays.
Plébiscite
Consultation
populaire qui, généralement, permet d’exprimer ou de retirer sa confiance au
chef de l’État ou au gouvernement. Voir Référendum.
Synonyme
de majorité simple. Système par lequel
le candidat élu est celui qui a reçu le plus de votes (et non pas
nécessairement la majorité).
Politicien, politicienne
Personne qui fait carrière dans la politique.
Ce terme n’a pas, au Québec, le sens péjoratif qu’on lui accole souvent
ailleurs en français. On l'emploie même pour désigner des personnes dont la valeur
est largement reconnue. C’est peut-être sous l'influence de l'anglais (le mot «politician» n'ayant pas de sens
péjoratif) que cette évolution s’est produite. À noter que le mot
«politicienne» n’est généralement pas perçu négativement.
Pouvoir
1.
Droit (exercé par des individus, des groupes ou des institutions) ou capacité
légale et donc codifiée de prendre des décisions exécutoires, de statuer, de
décréter, d’ordonner ou de trancher. Dans un sens plus précis, synonyme
d’autorité ou de pouvoir public et, ultimement, du pouvoir de l’État. Dans ce
cas, le pouvoir est fondé, en dernière instance, sur le monopole de la
contrainte physique.
2.
Au sens large, être en mesure ou avoir la capacité d’agir ou de faire quelque
chose (liberté, autonomie, indépendance, souveraineté).
Pouvoir exécutif
1. Pouvoir dont l'attribution originaire était d'assurer l'exécution des
lois et dont le rôle s'est aujourd'hui étendu à la définition de la politique
du pays.
2. L'ensemble des organes titulaires de ce pouvoir.
Pouvoir législatif
1. Pouvoir chargé d'élaborer et de voter la loi, et de contrôler l'action
gouvernementale.
2. L'ensemble des organes titulaires de ce pouvoir.
Pouvoir réglementaire
Pouvoir accordé à l'Exécutif, en vertu de la Constitution ou de la loi,
d'édicter des mesures de portée générale.
Premier ministre
Chef du gouvernement dans un régime parlementaire.
La Loi constitutionnelle de 1867
ne traite pas de la fonction de premier ministre. Ses pouvoirs et ses
responsabilités ont été définis par convention.
Président, présidente
1. Personnage de premier plan dans une république : le président en
est le chef d’État. Il en est ainsi en régime présidentiel. Où le président
peut cumuler les fonctions de chef de l’État et de chef du gouvernement.
2. Personne élue par l'Assemblée pour en diriger les travaux, en
administrer les services et la représenter.
Au Québec, désigné sous le nom d’« orateur » jusqu’en 1968.
Privilège parlementaire
Droit accordé à un parlementaire ou à l'Assemblée en tant que telle.
Processus législatif
Ensemble des étapes qu’un projet de loi
doit franchir pour devenir une loi.
Programme électoral
Exposé détaillé des principes et des objectifs d'un parti politique ou
d'un candidat.
Projet de loi
Projet de texte législatif présenté au Parlement.
Q
« Quotas »
Mesures temporaires
destinées à compenser l'inégalité de la représentation des femmes dans la vie
publique.
Il existe deux types de
quotas visant à accroître la participation des femmes à la vie politique :
les quotas imposés par la législation nationale et les quotas créés par les
partis politiques. Les quotas imposés par les législations nationales ont pour
but d'influencer le résultat d'une élection, à savoir de garantir qu'un certain
nombre ou pourcentage de sièges soit réservé aux femmes. Les quotas établis par
les partis politiques visent à influer sur les candidatures; ce résultat est
obtenu en s'assurant qu'un nombre spécifique de candidats sont des femmes ou
qu'aucun des deux sexes ne dépasse un certain nombre sur les listes
électorales.
R
Référendum
Vote de l'ensemble des citoyens pour
approuver ou rejeter une mesure. Voir aussi Plébiscite.
Un référendum consultatif permet aux
électeurs de se prononcer sur l’idée qu’ils souhaitent voir mettre en œuvre. Le
peuple est donc appelé à émettre un avis. Juridiquement, rien n’oblige le
gouvernement à tenir compte du résultat d’un référendum de consultation, mais
politiquement l’avis donné par les citoyens a beaucoup de poids. Lors d’un
référendum de ratification, les citoyens sont appelés, en dernière instance, à
approuver un projet de loi voté ou une disposition prise par le gouvernement.
Le peuple, par voie de référendum, participe ainsi au processus législatif. On
le qualifie aussi de référendum contraignant, car le gouvernement est lié par
la décision populaire. Au Québec, les référendums sont uniquement consultatifs.
Régime
Forme de gouvernement d’une société (monarchie, oligarchie, démocratie,
république, théocratie, etc.). Une typologie classique des régimes politiques
est fondée sur le mode d’organisation des pouvoirs législatif, exécutif et
judiciaire de l’État moderne. Sur cette base, on distingue trois grands types
de régimes : les régimes de concentration, de séparation et de
collaboration des pouvoirs, soit la dictature et les régimes présidentiel et
parlementaire.
Régime parlementaire
Régime politique, d’origine britannique, caractérisé par l’existence d’un
parlement au sein duquel siègent les titulaires des pouvoirs législatif et
exécutif. Alors que le pouvoir législatif est exercé par l’ensemble du
Parlement, le pouvoir exécutif ou gouvernemental est contrôlé par un premier
ministre (le chef du parti majoritaire au Parlement) et son cabinet ou conseil
des ministres (ceux-ci étant choisis par le premier ministre parmi les membres
du Parlement).
Si on constate une certaine séparation des pouvoirs (ils sont confiés à
deux institutions différentes), cette même séparation est relative
(contrairement au régime de type présidentiel), car l’exécutif est partie
intégrante du législatif. On parlera, dans ce cas, de collaboration des
pouvoirs : l’exécutif propose les grandes orientations législatives et est
responsable de la mise en œuvre des lois et de l’administration publique, alors
que le législatif étudie, débat et vote les projets de loi et contrôle
supposément l’exécutif. Le premier ministre et ses ministres doivent donc
répondre directement devant le Parlement de la gouverne et de l’administration
publique (entre autres au moment de la « période des questions »).
À la limite, il y a dépendance organique entre les tenants des deux
pouvoirs : d’une part, le premier ministre peut dissoudre le Parlement et
donc convoquer des élections générales; d’autre part, le Parlement peut retirer
sa confiance au gouvernement et donc révoquer l’exécutif (c’est la
responsabilité ministérielle).
Régime présidentiel
Régime politique basé sur l’application rigoureuse du principe de la
séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, qui sont confiés à
trois institutions distinctes et indépendantes. Un président, élu directement
par la population (devant laquelle il est responsable), est chef du
gouvernement et contrôle le pouvoir exécutif. Une ou des assemblées électives
(Parlement, congrès, etc.), elles aussi directement responsables devant le
peuple, sont titulaires du pouvoir législatif. Enfin, le pouvoir judiciaire est
confié à des tribunaux indépendants des deux premiers pouvoirs.
Généralement, une constitution de type présidentiel prévoit un ensemble
de mesures permettant à chacune des institutions de faire contrepoids aux
pouvoirs de l’autre, assurant un certain « équilibre » du pouvoir (en
anglais, le système de checks and balance)
Remaniement des circonscriptions électorales
Opération consistant à modifier la répartition de la représentation
électorale en donnant de nouvelles délimitations aux circonscriptions.
Tout mode de scrutin visant à assurer une relation directe et
proportionnelle entre le nombre de votes obtenus par un parti politique et le
nombre de sièges qui lui sont attribués. En représentation proportionnelle, la
loi électorale contient une règle d’attribution des sièges qui assure l’effet
proportionnel. Il existe trois grandes catégories de RP : le vote unique
transférable, les modes de scrutin de liste (avec diviseurs ou quotients),
notamment utilisés sur le continent européen et les systèmes proportionnels par
compensation (notamment utilisés en Allemagne). Syn. de Scrutin
proportionnel.
Représentativité
Terme utilisé pour décrire la situation d’un élu ou d’une institution
dont les qualités sont de parler effectivement au nom d’un grand nombre de
personnes et de bénéficier à leurs yeux d’une excellente crédibilité.
Responsabilité ministérielle
Principe en vertu duquel les ministres sont responsables de leurs actes
devant l'Assemblée, de telle sorte qu'ils doivent démissionner si celle-ci leur
retire sa confiance.
L’application de ce principe en 1848 a consacré l’avènement du
parlementarisme et de la démocratie.
S
Scrutin
Ensemble des opérations de vote.
Scrutin majoritaire
Mode de scrutin dans lequel est déclaré élu le candidat qui a obtenu la
majorité des voix.
Scrutin proportionnel
Mode de scrutin qui accorde aux
formations politiques un nombre de sièges au prorata du nombre de suffrages
obtenus. Voir Représentation proportionnelle.
Scrutin uninominal
Mode de scrutin dans lequel l'électeur est appelé à voter pour un seul
candidat dans chaque circonscription.
Scrutin mixte
Un système électoral est mixte quand il utilise plus d’un mode de scrutin
à la fois. La mixité la plus fréquente est celle qui allie un mode de scrutin
majoritaire avec un mode par représentation proportionnelle (RP).
Sénat
Seconde chambre dans plusieurs systèmes politiques (notamment au Canada,
en Belgique et en France).
Séparation des pouvoirs
Principe d’organisation politique selon
lequel la même autorité ne doit pas exercer toutes les fonctions étatiques.
Le régime
présidentiel de type américain a été conçu sur la base de ce principe. Le
régime parlementaire est traditionnellement présenté comme un régime de
séparation souple ou de collaboration des pouvoirs en raison de la
responsabilité ministérielle et du droit de dissolution.
Seuil
Dans un système proportionnel, la proportion minimale des voix qu’un
parti doit obtenir pour participer à l’attribution de sièges au Parlement.
Siège
1. Place occupée par un parlementaire.
2. (Par ext.) Mandat exercé par un parlementaire.
3. Dans le contexte électoral, synonyme de circonscription.
Société civile
Le sens couramment employé est le suivant : ensemble des acteurs et
des relations qu’ils nouent entre eux, exception faite de l’État et de son
intervention. Ce peut donc être, dans un pays donné, les personnes et les
organisations ainsi que tous les rapports qu’elles établissent entre elles. Il
peut s’agir de rapports politiques (associations, regroupements, organisations
de défense d’intérêts, etc.), économiques (marché du travail, libre entreprise,
etc.), ou même de rapports privés. En un mot, il s’agit de la société et – plus
précisément – du politique et de l’économique, abstraction faite de l’État. On
dit aussi les « forces vives de la société ».
Solidarité ministérielle
Principe en vertu duquel les ministres sont collectivement responsables,
chacun d'eux s'engageant à accepter les décisions du gouvernement ou à
démissionner. Voir Responsabilité
ministérielle.
Solidarité parlementaire
Principe en vertu duquel les parlementaires d'un même parti votent dans
le même sens. Voir aussi Discipline de parti.
Suffrage
1. Acte par lequel un parlementaire ou un électeur formule son choix dans
un vote.
2. Mode de votation, système électoral.
Suffrage direct
Suffrage par lequel les citoyens élisent eux-mêmes leurs représentants,
sans intermédiaire.
Suffrage universel
Suffrage reconnu à tous les citoyens, sous réserve de conditions
minimales (âge, nationalité, etc.).
Système électoral
Ensemble des règles, des pratiques et
des institutions requises pour assurer l’élection des membres d’une assemblée
parlementaire.
T
Tiers parti
Dans un contexte de bipartisme, parti de moindre importance numérique que
le parti majoritaire et l'Opposition officielle.
V
Voix
Synonyme de suffrage.
Votant, votante
Électeur qui exerce son droit de vote.
Vote
1. Action de voter.
2. Opération par laquelle les membres de l'Assemblée prennent une
décision.
Vote libre
Vote au cours duquel les parlementaires peuvent s'exprimer sans tenir
compte des consignes de leur parti.
Vote préférentiel (mode de scrutin majoritaire uninominal préférentiel)
Un système électoral selon lequel les électeurs marquent leurs
préférences pour les candidats ou les partis politiques, dans un ordre
numérique. En Australie, on appelle ce système « vote alternatif ».
Voter
1. Exprimer son suffrage.
2. Adopter (une loi, une motion).
On dit familièrement « prendre le vote » (de l’anglais to take the vote).
[1] À cause de son caractère particulier, le pouvoir judiciaire sera
abordé dans la deuxième partie de ce volet.
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