mardi 14 juin 2016

Pour un bonheur sans pétrole!

 La “Recette du Bonheur” de la revue l’Actualité: des oublis.
            Dans un tout de même  excellent article de la revue l’Actualité, juillet 2016, maintenant en kiosque, ( bizarre, nous sommes le 13 juin!) La recette du bonheur. Les québécois sont les champions mondiaux du bonheur tout juste derrière le Danemark! Mais pourquoi?, je suis d’avis qu’il y a eu quelques oublis, dont deux majeurs.
            Je pense ici aux influences  du philosophe, sexologue, écrivain, conférencier,  André Moreau et de celles du politologue,  démocrate, fondateur de l’Union paysanne, écrivain, Roméo Bouchard.
            Je me base sur l’idée principale de l’article : le constat de la présence profonde et solide du bonheur au Québec, associée à une recherche d’explications et assaisonnée d’un questionnement relativement à un possible essoufflement de ce bonheur collectif.
            D’après moi, le philosophe André Moreau, est un facteur déterminant dans la comptabilité des intrants susceptibles d’avoir influencé positivement la présence de bonheur au Québec, même si sa suggestion d’un Ministère du bonheur n’a pas été retenue et même si sa pensée semble aujourd’hui être rejetée, du moins, selon ses propres dires.
            Il a publié en 1972, le livre : La volonté du bonheur et aurait fait au moins mille exposés jusqu’en 1984. Jusqu’à maintenant, il ne les a pas comptés, mais ce sont plusieurs milliers, si on en compte deux par semaines environ.
            Depuis, il a publié 70 livres. Son Réveiller le Dieu endormi s’est vendu à 10,500 exemplaires et le Cent millions de Christ ,  à 7500,   au vingtième siècle. Les ventes sont une réussite  à l’envers, elles baissent astronomiquement au vingt et unième! Amère déception mais prise avec légèreté,  par un homme qui désirait, jeune, être lu et compris! Il y a une entrevue sur You Tube de 4 heures, faite  à Paris et menée par Laurent Fendt.
            Nous sommes en juin 2016. La revue indique pourtant :  juillet 2016!  Vous vous souvenez du titre :  La recette du bonheur. Les Québécois sont les champions mondiaux du bonheur tout juste derrière le Danemark! Mais pourquoi?  Elle semble avant-gardiste, puisqu’elle met le futur dans le présent!
            Pourtant, il y a trente-deux ans, Moreau écrivait dans l’article portant le nom : «  Hyper-structures du Jovialisme », du livre de 1984 : Pour le meilleur et sans le pire,  écrit pour expliquer le sens de sa doctrine,  (…) «  Puis, de cette enclave francophone nord-américaine, naquit le Jovialisme,  expression systématique de la joie de vivre d’un peuple heureux, les Canadiens-Français. » (…) (page 90) J
            C’est le premier philosophe qui s’est servi  des médias pour faire connaître sa pensée. Il a passé plusieurs nuits à la radio,  CKAC par exemple,  pour parler du bonheur, en compagnie de feu Roger Drolet avec des gens qui téléphonaient. C’est ainsi que sa pensée s’est forgée dans le dialogue en se servant de sa formation académique trempée de son auto-formation créatrice.
            En l’an 2000, il a reproché à la philosophie traditionnelle,  par le biais de son Traité sur l’être, Pari sur l’être, à la  page 293 , de ne pas avoir osé «  présenter une table de catégories qui tienne compte de la magie, du merveilleux, du chaleureux, du réconfortant, de l’optimiste, du saint et du drôle. Pourquoi a-t-on omis de répertorier les bienfaits de l’existence? », demanda-t-il?
            En plus d’être un constructeur d’une métaphysique sans théologie, il est souvent celui par qui le scandale arrive, par choix idéologique.
            Par exemple, il a sûrement insécurisé plusieurs lecteurs en écrivant dans Le plaisir est sagesse, 1982 : «  En tout être qui fait l’amour, il y a un Christ qui jubile, mais c’est parfois un Christ étouffé, torturé, punitif, c’est souvent un Christ peureux. ( p. 23)
            À cette époque, le philosophe était devenu sexologue comme vous le remarquez sans doute.
            Il note à la page 39 que «  L’inexpérience de l’humanité à l’égard du plaisir est déplorable ».
            Je reviens maintenant à des extraits provenant de la Volonté du bonheur, écrit, souvenez-vous en,  en 1972.
            Il a dit dans l’aphorisme numéro 144, qu’il «  faut faire le calme en nous-mêmes, écouter! »
            Avec le recul, rien de vraiment scandalisant, là!, mais disons-le : il a raison!  On réclame justement un Observatoire du bruit ces jours-ci à Montréal. Le philosophe affirme cependant être capable d’entrer dans le Grand Silence, en dépit des bruits de Montréal. Il faut dire qu’il y est venu au monde et a vécu sn enfance dans le «  faubourg à mlasse », réservoir d’expériences érotiques qui ont nourri par ailleurs sa philosophie. Voir à cet effet, le livre : Mon enfance philosophique.
            Pour le néophyte, c’est-à -dire à peu près tout le monde, car nous baignions alors encore dans l’ambiance catholique, la phrase suivante était très probablement des plus intrigantes : «  Nous devons nous ouvrir au savoir infini. » ( aphorisme 12) Que veut-il dire par là? Que mange en hiver l’infini? , se disaient les Montréalais qui l’entendaient. Ils se le demandent encore, puisque les journalistes ne l’ont jamais interrogé à ce propos.
            Ici, le philosophe, cette fois guerrier, se met à nu et tonitrue : «  L’homme n’est pas un pécheur, ni un misérable, ni un pauvre type, mais un innocent qui a été berné par des forces malignes soumises au pouvoir de la terre. Il faut qu’il se réveille, qu’il affronte ses phantasmes, qu’il détruise ses églises , ses partis, ses écoles et que qu’il  retrouve la bonté originelle qu’on lui a enlevée. » ( numéro 26)
            Puis, le métaphysicien se manifeste : «  La liberté ( …) nous ouvre à la compréhension de notre être et nous donne le bonheur. » ( # 70)
            L’homme inspiré cette fois, dit : «  Comment se fait-il que nous n’ayons pas encore,  réalisé que prendre conscience de l’immanence de l’Absolu dans le relatif, c’est incarner en nous le Dieu vivant? » ( # 151)
            André Moreau déverse un discours sur l’être,  différent de celui des psychologues, qu’il respecte peu, soient-il Abraham Maslow ou Jean Houston. Il dit : «  Le bonheur consiste à se tenir près de son être. La majeure partie de l’humanité n’a pas encore compris ce que signifie être. Le seul mot être contient en lui-même tout un univers. » ( #182)
            L’être, un mystère, alors? Que non! Il nous rassure en disant que « l’être, c’est nous-mêmes au superlatif . » ( #185)
            De quoi impressionner le Cardinal Léger de jadis!
            Il oppose au judéo-christianisme, au marxisme, à l’existentialisme, la joie comme source ultime du bonheur (#172) et constate que le «  monde est une fête  et que nous ne le savons pas » (# 197)
            Il nous susurre à l’oreille, candidement,  à l’aphorisme 203 : «  Il est temps de vous ouvrir à une philosophie du bonheur ». Selon toutes vraisemblances, cela n’est pas encore fait, puisque le bonheur québécois roule encore en partie  sur les réserves de  la joie de l’arrivée dans une nouvelle France abondante… mais qui s’austérise par ignorance, ces jours-ci et faute d’une conversion du regard.
            Moreau est précurseur de la science nouvelle de la psycho-neuro-immunologie que Norman Cousins a commencé à dépeindre dans son livre La volonté de guérir et a continué à décrire dans sa Biologie de l’espoir, avec son idée que «  Toute vision intérieure faite de plaisir, de joie, de bonheur peut être cultivée. »( # 298)
            Pour le philosophe, une culture inspirée par l’être est une culture dont «  l’abondance intérieure est illimitée ».
            Il plaît aussi aux gens sensibles à la poésie et à la beauté du style : «  Le sentiment le plus puissant au monde est en train de voir le jour. C’est le bonheur infini dans sa gloire, sa pompe fabuleuse, sa lumière séraphique, ses murmures d’adoration, ses phalanges d’anges qui prient, ses bruits de trompette. Comment personne n’a-t-il encore  jamais ressenti  ces choses-là au point d’en être chaviré, transporté, saoulé, distillé dans des sensations qui dépassent l’entendement. Une joie insoutenable, presque douloureuse à force d’être délicieuse, ne demande qu’à naître en chacun de nous. Pourquoi se dérober à cette merveilleuse expérience qui est à l’origine de notre être comme elle est à l’origine des nébuleuses? Il serait si profondément envoûtant , et cela avec des raffinements de conscience inouïs, de se laisser aller à l’énergie maîtresse de l’univers. Faut-il que nous soyons aveugles pour ne pas nous précipiter en nous-mêmes et nous repaître de cette fantastique expérience multidimensionnelle qui avive nos sens, ouvre nos facultés et élève notre esprit? » (# 189)
            Il égratigne par son vol d’aigle,  le code génétique québécois catholique lorsqu’il dit à la page 63 de cette Volonté du bonheur : « Jouissez sans retenue. Tressaillez de joie ». Je vous suggère donc de le lire lentement. Il est à la Bibliothèque Nationale du Québec. Vous avez droit au prêt inter- bibliothèque.
                                                           Deuxième partie.
            L’article de la revue L’Actualité  dit également qu’il y a des signes que le bonheur québécois s’essouffle.
                        Pour contrer cet essoufflement, je vais ajouter à l’article,  ce que je crois qu’il lui manque.
             On sait que Charles Dickens a écrit le livre Temps difficiles pour parler des conditions atroces, pour les enfants entre autre, de la révolution industrielle.
             Mais  sait-on que j’ai traduit une Manifeste international, en 1984, s’intitulant À la croisée des chemins qui parle d’une ère post-industrielle? Il a été publié dans le livre Alternatives d’ici et d’ailleurs, aux éditions du Fleuve et est disponible aussi à la Bibliothèque Nationale du Québec.
            Ce Manifeste fait le portrait d’un nouveau Temps difficile assorti, lui, cependant,  d’un potentiel social positif. Il s’agit de la transition unique, globale, rapide, profonde, universelle, ignorée des médias, de l’ère industrielle à nouvelle ère encore à nommer; l’Ère du Verseau, l’ère de la conscience, de la passion, des communications, de la communion?
            La transition n’est pas terminée, advenant ,  en quelques décades plutôt qu’en millénaires ou siècles comme advenèrent les transitions anciennes. Un ces co-auteurs du Manifeste, pense actuellement,  aux États-Unis,  ce qu’il appelle la Culture planétaire ,  qui sera caractérisée, par un «  Bright Future ». souhaite-t-il. C’est Robert Gilman.
            Les signataires du Manifeste, dont je suis, pensent que nous avons l’opportunité et la capacité, de co-créer un futur positif pendant cette transition.
            Nous vivons cependant en ce moment,  au Québec,  une période austère, mentalement d’abord et financièrement ensuite.
            À mon avis, le peuple Québécois aurait avantage à lire l’André Moreau des Traités subséquents, par exemple, au moins le Tome 1 du Traité sur l’être,  Pari sur l’être ou encore le Tome 1 du Grand Traité sur l’Immatérialisme.  Vous aurez alors des idées sur la «  nidification », sur le «  centre de gravité permanent », sur «  l’auto-centration êtrique », sur le «  refus de se faire relativiser », sur le «  bonheur archétypal », la «  sensation de l’être » , la «  conquête de soi », l’ « identité fondamentale » et bien sûr, l’importance de s’aimer, sans oublier «  l’intersubjectivité constitutive » et que «  la lumière est pur agir »!
            Si, dans son Journal Philosophique, André Moreau a souhaité une «  Assemblée constituante Jovialiste », elle ne s’est pas concrétisée dans les faits et une Constitution Jovialiste n’existe pas encore.
            Si, dans son livre Un univers jovial,( 1978) il fait dire à un animateur d’une soirée d’une Mégalopole future : «  Qui veut prendre la parole? », il n’est cependant  pas le seul à envisager d’accueillir  la Parole populaire.
            En effet, André Larocque a écrit un livre qui s’intitule Au pouvoir, citoyens, mettre fin à l’usurpation des partis politiques ( 2006) et Roméo Bouchard a publié : Et le citoyen, qu’est-ce que vous en faites?
            Ce sont des critiques de la démocratie qui aboutissent au constat que nous ne vivons pas dans une démocratie et que nous devons la réformer, la restaurer par un «  chantier démocratique », ce que l’article de l’Actualité  évacue prestement, subtilement, hypnotiquement sûrement… ron ron ron.
            Dans le livre Constituer le Québec, pistes pour une véritable démocratie, Roméo Bouchard a inauguré les orientations à prendre et les a précisées dans son récent Survivre à l’offensive des riches.
            À propos du diagnostique que nous ne sommes pas en démocratie ( quoique le Gouvernement Couillard pense sérieusement que nous en avons trop, dit Éric Pineault dans une vidéo You Tube), il y a la revue Nexus du 01-02-2015 qui confirme le diagnostique et propose des alternatives.
            D’ailleurs, le film Demain, le dit aussi, de manière positive, en interrogeant le chercheur  David Van Reybrouck.
            J’ai senti dans la dernière page de l’article un reproche à la société québécoise de trop s’endetter et ne  pas investir suffisamment en éducation.
            La société québécoise dites-vous?
            Vous souvenez-vous des casseroles et des carrés rouges?
             Mais voyons, la société au complet demande de l’investissement  en éducation  pour tout le monde!
            L’article nous avertit que la situation de la dette du Québec, «  250 milliards » ( je croyais que c’est 288) est sérieuse mais que nous n’y pensons pas.
            Eh bien, nous y pensons… douleureusement! Nous savons que nous payons 30 millions par jours en intérêts aux banques privées,  alors que la Banque Centrale prêtait avant 1974 aux Gouvernements,  sans intérêts! Il y a eu en 1974,  une interdiction ( anticonstitutionnelle) par le Gouvernement Trudeau de continuer à  utiliser la Banque Centrale et à emprunter au lieu,  aux banques privées, avec intérêts, bien sûr!  En d’autres mots, c’est du vol légalisé en cachette! Le livre de Philippe Derudder et André-Jacques Holbeck, en parle abondamment, mais le secret perdure pour l’ensemble de la population, incluant les Universités.
             En plus, Alain Deneault vient tout juste de nous informer de l’escroquerie des paradis fiscaux dans son Précis : Une escroquerie légalisée.
            Ce marasme se double d’une détérioration de l’environnement source de maladies chroniques. Dominique Belpomme en fait état dans le nouveau livre Comment naissent les maladies et que faire pour rester en bonne santé. Ce livre fait en quelque sorte suite à celui de l’an dernier d’André Cicolella : Toxique planète, le scandale invisible des maladies chroniques. Ces maladies sont reliées à l’environnement , pèsent lourd sur les systèmes de santé et seule une médecine environnementale, une démocratie sanitaire qui accompagnent une transition écologique post pétrole et post capitaliste,  peuvent appuyer une santé globale pétillante. Si le bonheur est un facteur de santé, le dicton aide-toi, le ciel t’aidera, demeure vrai.
            Roméo Bouchard pense que pour se sortir de ce marasme non voulu par la société, il va falloir restaurer au complet  la démocratie en faisant un «  chantier démocratique » au moyen d’un Mouvement de démocratie, basé sur l’écriture citoyenne de la Constitution,- en tant que  Loi fondamentale, loi des lois-, dans le cadre d’une Assemblée Constituante  convoquée par le Gouvernement, tirée au sort,  qui écrit une Constitution que le Peuple entérine,  par référendum,  afin de mettre la Souveraineté Populaire à l’avant- plan, car c’est elle qui devrait dicter au Gouvernement sa volonté à exécuter.
            Vous comprenez ce que je vous dis? Non? Alors, précipitez-vous à votre bibliothèque municipale ou bien à la Bibliothèque Nationale du Québec. Vous avez droit au prêt inter-bibliothèque. Demandez ou achetez : Survivre à l’offensive des riches.
            L’article de L’Actualité cite le philosophe Jocelyn Maclure; «  C’est crucial, pour avoir une conception positive de la vie, de penser que l’avenir est ouvert et que nos décisions auront un effet sur ce qu’on va devenir. Que tout n’est pas joué d’avance. »
            Eh bien, il me fait plaisir de vous informer que j’ai fait en 1983,  une émission de radio- communautaire sur l’avenir et une sur le «  futur désiré », dont l’émission Visages d’un pays a ensuite parlé à Radio-Canada et que, j’ai ainsi contribué mais de très loin(!) ,  à ma façon,  à la construction du bonheur québécois.
            En homme concret, Monsieur Bouchard a confectionné deux Guides afin d’aider les gens qui souhaitent faire des ateliers constituants,  qui entraînent à écrire une Constitution et ce, pour éviter que ce soient les riches qui l’écrivent par l’intermédiaire des politiciens à leur solde et service.
            Ces guides se nomment :
-         Constituer le Québec. Citoyens constituants à l’œuvre.
-          Guide pour les communautés locales qui veulent se doter d’une Constitution régionale.
Ils sont disponibles ici dans mon blog : http://mangersanspetrole.blogspot.ca/
Utilisez le moteur de recherche pour trouver!
            Dans le Guide : Constituer le Québec, citoyens constituants à l’œuvre, le thème de l’éducation se trouve dans le chapître de la démocratie sociale, et pour ce qui concerne la dette, il faut voir le thème de la création monétaire dans le chapître de la démocratie économique.
            Consultez souvent la page Face Book de Roméo Bouchard et réagissez, pour la construction d’une démocratie heureuse!

Claude Saint-Jarre, 13-06-2016.
           

           
           

            

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