PROTÉGER ET RECONSTRUIRE LES SOLS 
texte original: 
http://www.earth-policy.org/book_bytes/2010/pb4ch08_ss4 
Lester R. Brown , traduit par Marc Zischka, Frédéric Jouffroy et Pierre-Yves Longaretti 
La littérature relative à l’érosion du sol contient d’innombrables références à la “perte 
du couvert végétal protecteur”. Au cours du dernier demi-siècle, les coupes à blanc, 
le surpâturage, et le labourage excessif ont tellement réduit cette protection que le 
monde est en train de perdre à vitesse accélérée le sol qui s’est accumulé sur de longues 
périodes au cours des temps géologiques (voir “L’érosion des fondements de la civilisation” 
http://www.ecologik-business.com/newsletters/newsle118.html). La plantation 
d’herbe ou d’arbres sur les terres cultivées sensibles à l’érosion avant qu’elles ne soient 
perdues conditionne la préservation de leur productivité biologique. 
Le Dust Bowl des années 1930 menaçait de transformer les Grandes Plaines des Etats-
Unis en un désert immense ; ce fut une expérience traumatisante. Elle a conduit à des 
changements révolutionnaires dans les pratiques agricoles américaines, dont la plantation 
de haies coupe-vent (rangées d’arbres plantés en bordure des champs pour ralentir 
le vent et donc réduire l’érosion qu’il provoque) et la culture en bandes (plantation de 
blé alternée chaque année avec la mise en jachère sur des bandes de terre). La culture 
en bandes permet à l’humidité du sol de s’accumuler sur les bandes en jachère, tandis 
que les bandes plantées alternées réduisent la vitesse du vent et donc son effet érosif sur 
les terres en friche. 
En 1985, le Congrès des États-Unis, avec un fort soutien de la communauté 
environnementale, a créé le Conservation Reserve Program (CRP) pour réduire l’érosion 
des sols et contrôler la surproduction des produits de base. En 1990 près de 14 
millions d’hectares de terres très sensibles à l’érosion avaient fait l’objet d’accords de 
mise sous couvert végétal permanent pendant 10 ans. Dans le cadre de ce programme, 
les agriculteurs étaient payés pour planter de l’herbe ou des arbres sur les terres cultivées 
les plus sujettes à l’érosion. Ces 14 millions d’hectares protégés par le programme 
CRP, ainsi que la mise en oeuvre de pratiques de protection sur 37 pour cent de toutes les 
terres cultivées, ont permis de réduire l’érosion des sols des Etats-Unis de 3,1 milliards 
de tonnes en 1982 à 1,9 milliards de tonnes en 1997. L’approche américaine offre un 
modèle au le reste du monde. 
D’autres pratiques ont récemment enrichi la boîte à outils de préservation des sols tels 
que le non-labour ou le labour minimal. L’utilisation des pratiques culturelles traditionnelles 
de labour des terres, de hersage ou de disquage pour préparer les semis, puis de 
désherbage mécanique pour supprimer les mauvaises herbes dans les cultures sarclées 
© Ecologik Business, 2011 
fait place à une nouvelle technique, le semis direct : les agriculteurs enfoncent directement 
les graines à travers les restes de la récolte précédente dans le sol non perturbé, et 
contrôlent les mauvaises herbes avec des herbicides. La seule perturbation est la fente 
étroite créée pour y insérer les graines, le reste du sol restant intact, couvert par les restes 
de récolte et donc résistant à l’érosion due à l’eau et au vent. Cette pratique ne fait 
pas que réduire l’érosion mais permet aussi de retenir l’eau, d’augmenter la teneur en 
carbone du sol, et de réduire considérablement la consommation d’énergie nécessaire 
au labourage. 
Aux États-Unis, dans les années 1990, les aides financières à la production ont été conditionnées 
à un plan de protection des sols sur les terres les plus sujettes à l’érosion ; 
la surface non labourée est alors passée de 7 millions d’hectares en 1990 à 27 millions 
d’hectares en 2007. Aujourd’hui largement utilisé pour la production de maïs et le soja, 
le semis direct sans labour s’est rapidement répandu dans le continent Américain, couvrant 
26 millions d’hectares au Brésil, 20 millions d’hectares en Argentine, et 13 millions 
au Canada. L’Australie, avec 12 millions d’hectares, vient en 5ème position pour la 
pratique du semis direct. 
Une fois la pratique du semis direct maîtrisée par les agriculteurs, son utilisation peut 
rapidement progresser, en particulier lorsque les gouvernements mettent en place des 
incitations économiques ou exigent conditionnent les aides agricoles à des programmes 
de protection des sols agricoles. 
Les pratiques agricoles qui préservent les sols et augmentent leur productivité conduisent 
aussi généralement à élever la teneur en carbone du sol. Parmi celles-ci figurent 
le passage au labour minimal et la suppression du labour, l’utilisation plus étendue de 
cultures de couverture, le fumage des terres avec le déjections du bétail et de volaille, 
la progression des surfaces irriguées, le retour à une agriculture associant davantage la 
culture et l’élevage, et le reboisement des terres abandonnées. 
D’autres approches sont utilisées pour stopper l’érosion et la désertification. En juillet 
2005, le gouvernement marocain, après une grave sécheresse, a annoncé qu’il consacrait 
778 millions de dollars à l’annulation de la dette des agriculteurs et à la conversion 
de surfaces céréalières en vergers fruitiers et oliveraies, moins vulnérables. 
Les pays subsahariens doivent faire face à l’augmentation des déplacements de populations 
provoqués par la désertification des prairies et terres cultivables. A cet effet 
l’Union Africaine a lancé le programme « Grande Muraille Verte du Sahara », impulsé 
par Olusegun Obasanjo lorsqu’il était président du Nigeria. Il prévoit la plantation de 
300 millions d’arbres sur une longue bande de 3 millions d’hectares traversant l’Afrique. 
Cette muraille verte s’ancrerait à son extrémité ouest au Sénégal, qui perd chaque 
année 50 000 hectares de terres productives. Pour le ministre de l’Environnement sénégalais, 
Modou Diagne Fada “Il faut combattre le désert avant qu’il ne soit sur nous ”. La 
portée du programme a depuis son lancement été élargie pour y inclure l’amélioration 
des pratiques de gestion des terres telles que la rotation des pâturages. 
© Ecologik Business, 2011 
La Chine est de la même manière en train de planter une ceinture d’arbres pour protéger 
les terres de l’avancée du désert de Gobi. Cette muraille verte, version moderne de la 
Grande Muraille, devrait mesurer quelques 4 480 kilomètres, s’étendant en Mongolie 
intérieure depuis les faubourgs de Pékin. La Chine rémunère par ailleurs les agriculteurs 
dans les provinces menacées pour qu’ils plantent des arbres sur leurs terres ; 10 
millions d’hectares sont visés, soit plus d’un dixième des terres céréalières de la Chine, 
mais de récentes pressions imposées pour accroître la production alimentaire semblent 
avoir ralenti cette initiative. 
En Mongolie intérieure, les efforts faits pour stopper l’avancée du désert et reconquérir 
des terres exploitables reposent sur la plantation d’arbustes du désert pour stabiliser 
les dunes de sable ; Les moutons et les chèvres ont été totalement interdits dans de 
nombreux cas. Dans le comté de Helin, au Sud de la capitale de la province Hohlot, la 
plantation d’arbustes du désert sur des terres agricoles abandonnées a désormais stabilisé 
le sol de la première parcelle de 7 000 hectares faisant l’objet d’une réhabilitation. 
Fort de ce succès, cet effort de réhabilitation est en cours d’extension. 
La stratégie adoptée par le Comté de Helin repose sur le remplacement du grand nombre 
de moutons et de chèvres par des vaches laitières. Les troupeaux de bovins sont 
maintenus dans des zones d’accès restreint ; ils sont nourris avec des tiges de maïs, de la 
paille de blé, et avec la récolte d’une culture fourragère tolérante à la sécheresse utilisée 
pour reconquérir les terres sur le désert. Les responsables locaux estiment que ce programme 
permettra de doubler les revenus dans le Comté au cours de cette décennie. 
Afin de globalement réduire la pression sur les pâturages chinois, Pékin demande aux 
éleveurs de réduire leurs troupeaux de chèvres et moutons de 40 pour cent. Cependant, 
à moins de proposer aux éleveurs des moyens de subsistance alternatifs à l’image de ce 
qui est proposé dans le comté de Helin, ces actions paraissent difficiles voire impossibles 
à réaliser dans les communautés où la richesse se mesure au nombre d’animaux et 
où la plupart des familles vivent dans la pauvreté. 
La seule façon viable d’éliminer le surpâturage sur les deux cinquièmes de la surface 
émergée du globe consacrés à l’élevage est en fin de compte de réduire la taille des 
cheptels. Les troupeaux en surnombre, en particulier de chèvres et moutons, ne font 
pas que détruire la végétation, mais pulvérisent aussi avec leurs sabots la croûte de 
protection du sol formée par les pluies et qui permet de réduire naturellement l’érosion 
due au vent. Dans certaines situations, la solution préférée est le parcage des animaux 
dans des zones contrôlées, où le fourrage leur est alors apporté. L’Inde, qui a adopté 
avec succès cette pratique pour son industrie laitière florissante, constitue un modèle 
pour les autres pays. 
La protection des sols de la planète demande également une interdiction mondiale des 
coupes forestières à blanc au profit de prélèvements sélectifs ; les coupes à blanc successives 
entraînent en effet de lourdes pertes par érosion avant que la forêt n’ait pu se 
régénérer, générant un cercle vicieux de surexploitation et de perte de productivité. 
© Ecologik Business, 2011 
La restauration de la couverture végétale de la planète et le développement de pratiques 
agricoles moins agressives pour les sols permettent de réduire érosion et inondations, 
mais aussi de séquestrer du carbone ; elles constituent donc des outils puissants dans 
l’effort de lutte contre le réchauffement climatique. 
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Adapté du chapitre 8, “Restaurer la Terre” de Lester R. Brown, Plan B 4.0: Mobiliser 
pour sauver la civilisation (New York: WW Norton & Company, 2009), disponible en 
ligne sur: www.earth-policy.org/books/pb4 
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À l'heure du tarissement des réserves de pétrole, du changement climatique et de l'utilisation de combustibles fossiles pour la production agricole, sous forme de pesticides, d'herbicides et de fertilisants, par ailleurs cancérigènes, dans le transport en plus,( voie les livres: Eating Fossil Fuels et Soil, not Oil)n'aurions-nous pas avantage à créer un système alimentaire alternatif post- pétrolier et post-OGM? Relocalisons l'agriculture avec notre énergie de l'intention- joyeuse!
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