N'oubliez pas qu'au Québec, cet exercice d'écriture citoyenne non partisane de notre propre Constitution passe par le site : www.acrq.org
Voici le texte d'Étienne Chouard qui a eu des difficultés avec une droite échaudée et mystérieuse
Pour info, sur un fil facebook où je me fais interpeller pour « clarifier ma position par rapport aux partis d’extrême droite » (une fois de plus), j’ai répondu ceci, qui devrait vous intéresser aussi, je pense :
John,
Je n’ai pas le temps (pas encore) de développer une réponse complète, mais je vous signale simplement que je suis en train de lire DANIEL GUÉRIN, (« La peste brune », suivi de « Fascisme et grand capital »), et que je trouve dans ce gros livre de très nombreuses et importantes idées pour comprendre et résister, ici et maintenant :
http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Sur_le_fascisme-9782707135285.html
En gros, les PARTIS fascistes (pas les militants) étaient des attrape-nigauds qui ont utilisé des programmes et des promesses ultra-sociales pour obtenir un immense soutien populaire et d’innombrables militants (conditions essentielles pour prendre le pouvoir), et ils ont ensuite immensément trahi le peuple dès qu’ils sont arrivés au pouvoir, en raflant et en assassinant (littéralement) tous les meneurs ayant des visées sociales dans leurs propres rangs (et partout dans la société), et en imposant par la force publique ainsi dévoyée une terreur totalitaire.
Ce que je comprends en lisant le détail (passionnant) de cette accession au pouvoir de prétendus « socialistes » (ne pas oublier ce « détail »), c’est QU’IL MANQUAIT (et il manque encore) AU PEUPLE UNE ALTERNATIVE (vraiment démocratique), entre capitalisme (fausse « démocratie parlementaire ») et communisme (fausse « démocratie populaire »). Et la promesse fasciste (« démocratie fasciste »…) était tentante, très tentante, pour une multitude de malheureux désespérés ; désespérés par le chômage, par les bas salaires et SURTOUT par la corruption généralisée et les trahisons (honteuses et répétées) de leurs prétendus « représentants » soi-disant « de gauche », COMME AUJOURD’HUI.
Il me semble que, aujourd’hui comme dans les années 30, si le peuple se donnait (s’il s’était donné) les moyens (par éducation populaire, sans aucun professionnel de la politique) de découvrir SON LÉGITIME ET INCONTOURNABLE POUVOIR CONSTITUANT, sa propre capacité à écrire lui-même les règles supérieures de dévolution ET DE CONTRÔLE POPULAIRE PERMANENT des pouvoirs institués, alors le peuple se détournerait (il se serait détourné) — de lui-même — des impasses (et tromperies) parlementaires et autoritaires.
Ceux qui suivent (pour le moment), aujourd’hui comme hier, les sirènes fascistes ne sont pas des diables, et pas des imbéciles : si on les respecte en tant qu’humains, et qu’on fait avec eux de la politique (et pas cette guerre partisane, stupide et sectaire, qui conduit les travailleurs à se déchirer entre eux), on peut leur rendre sensible CE FAIT que le projet démocratique (vraiment démocratique) est bien plus prometteur — et bien moins dangereux — que le projet autoritaire. Ils se joindront alors, si cette idée est bonne, de gré plutôt que de force, aux troupes (vraiment) démocrates, ce qui me semble un bien et pas un mal.
Il me semble que la façon de faire de la politique que je préconise (appeler tous les êtres humains — en tant que tels — à faire de la politique d’emblée au plus haut niveau du droit, au niveau constituant) est au moins discutable (sans se traiter de salauds), et qu’elle est peut-être même le meilleur rempart, à la fois contre le capitalisme et contre le fascisme (existant ou à venir) ! Si le peuple apprend (par lui-même) à contrôler lui-même ses propres « représentants » — et donc aussi sa MONNAIE —, il devient adulte et il se donne enfin la puissance nécessaire pour résister aux escrocs de tout poil et pour garantir à la société toute entière davantage de prospérité et de justice.
À mon avis.
Enfin, et par ailleurs, la mécanique des PARTIS, par construction, est (forcément) OUVERTE à tout nouveau venu. Pour cette raison (majeure), cette mécanique des PARTIS rend tout mouvement populaire infiniment VULNÉRABLE aux infiltrations puis au NOYAUTAGE par les 1% les plus riches (le grand capital si vous préférez ces mots-là) : DÈS QUE un mouvement politique arrive en position, peut-être, d’être élu, il est AUSSITÔT ET SANS FAUTE corrompu et dévoyé par les plus riches, pour que, au fond, JAMAIS les pauvres n’accèdent au pouvoir.
Raison pour laquelle je préfère que notre « mouvement » n’en soit pas vraiment un, que notre « cerveau collectif » reste bordélique, résolument bordélique En défendant INDIVIDUELLEMENT, chacun de notre côté, avec notre conscience et notre liberté de penser d’être adulte, en défendant UNE IDÉE SIMPLE MAIS DÉCISIVE (« ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir »), en respectant donc un ordre strict (une seule idée radicale) mais de façon volontairement désordonnée (pour échapper aux noyautages des riches), on se donne le moyen de devenir un jour des milliards à défendre ensemble cette même idée centrale tout en restant insaisissables, non infiltrables, non noyautables.
Je ne suis pas sûr que ça fonctionnera de mon vivant, mais je suis sûr que c’est une voie d’émancipation fondamentale.
Bien à vous.
Étienne.
- L’informel est indestructible.
Tel l’hydre.Il peut donner l’impression d’être inefficace.
Mais il travaille au niveau des consciences.