Je suis nouveau à bloguer. Je ne suis pas certain d'y écrire à tous les jours, comme le fait probablement Josée Blanchette, mais aujourd'hui, voici une contribution.
En premier lieu, un mot sur le mot résilience, la fameuse capacité de s'adapter à un problème sans perdre sa capacité de bien vivre. J'espère que cette définition synthèse tient la route car il y a tellement de belles définitions courantes; une d'entre elles, très récente, tient en quelques... pages... dans le livre Manuel de Transition: de la dépendance au pétrole à la résilience locale.( éditions Ecosociété) J'achève ma deuxième lecture, la première ayant été en anglais.
Vers 1981, j'étais à Boston, en apprentissage de cuisine d'aliments naturels, avec un cuisinier japonais. Un américain qui avait travaillé avec lui, Robert Felt, était propriétaire d'une librairie. Cet homme avait été aussi co-propriétaire d'un restaurant avec quatre autres québécois, à Montréal: le restaurant Vent d'est. J'en avais été le premier cuisinier.( en 1977). Robert Felt, donc emporte quelques livres qui de s'étaient pas vendus. J'en pris deux: The North Runner. J'oublie l'auteur. Un livre super intéressant au sujet d'un biologiste anglais qui vient dans les bois ontariens, pour se chercher, se trouver. Il a trouvé un chien loup avec qui il a noué un superbe amitié. Ce livre m'a aidé à créer un sens d'une dizaine d'années passées en alternatives: cuisine, yoga, voyages, foresterie. Il faut dire aussi que j'avais abandonné mon baccalauréat en service social, vers 1972, un mois avant de l'obtenir, suite à un conflit politico-pédagogique à Sherbrooke; de plus, beaucoup de ma génération, dont moi, ne lisait plus, parce que c'était jugé trop intellectuel, que certaines gens scolarisées, comme monsieur X dont j'oublie le nom, dirigeait la guerre du Viet-Nam à partir du Pentagone. ( il a même eu le prix Nobel, brrr) Nous ne trouvions pas cela un très bel exemple de guerroyer avec un doctorat en poches, en distribuant de l'agent orange par hélicoptères, pour annuler toute biodiversité... et donc, un peu confus, nous ne lisions plus.
Mais j'ai à l'occasion du don de Robert Felt, recommencé à lire.. me rendant compte que j'aimais vraiment lire! Le deuxième livre s'intitulait Utopia or Oblivion, de Buckminster Fuller. Je commençais à lire en anglais. J'ai donc lu le résumé au verso... et j'ai compris. La suite de la lecture de son oeuvre n'a été qu'appronfondissement de ma compréhension initiale.
Il faut dire aussi que j'avais abandonné comme presque tout le monde, sauf mes parents, la pratique de la religion catholique, dès 18 ans environ... sans la remplacer tout à fait, mais en partie avec des pratiques orientales, comme la macrobiotique, le yoga, la méditation transcendantale, la cuisine. De plus, l'enseignement de la philosophie au Cegep m'avait mis en contact avec l'existentialisme, à mon avis mal enseigné, ou plus poliment, peut-être pas tout à fait bien compris. En effet, l'idée principale, était que nous sommes de trop dans un monde absurde. En plus d'être de trop, il y avait la guerre et le chômage. C'est beaucoup pour un jeune sensible et intelligent.
Or, la pensée de Buckminster Fuller a donné un sens à tout cela. C'était mon premier scientiste optimiste quant à notre futur. Je buvais sa pensée qui me faisait du bien. D'autre part, à l'époque, j'avais trouvé un livre dans une librairie française de Campbridge, de Teilhard de Chardin. Je le connaissais par un article dans le journal du syndicat CEQ ( aujourd'hui inexistant), qui décrivait sa pensée : la loi de la complexité conscience, etc! J'étais donc attiré et j'ai acheté le livre: L'avenir de l'humain. Teilhard de Chardin avait travaillé un peu à l'Université Harvard. J'y suis donc allé, à la bibliothèque, pour " sentir" l'endroit, en touchant des livres. Il posait la question: quelle est la biologie de l'atome. ( en 1950) J'étais toujours en restauration, à Cambridge. Je recevais des professeurs de Harvard et du Massachusetts Institute. Je m'amusais à leur poser cette question dont ils ignoraient la réponse. De plus, de Chardin se demandait: qu'allons-nous faire avec l'énergie cervicale libérée par l'automation? Je trouvais excellente et pertinente la question. Il avait répondu.. en faisant de la recherche... ce qui m'allait comme un gant. Fuller y répondait, Dumazedier aussi, annonçant l'ère des loisirs que nous attendons encore!
J'avais été faire un petit tour à la bibliothèque du Massachusetts Institute of Science et Technology. J'y tombe par hasard, sur un livre de Mc Culloch, où je lis que les robots ne pourront jamais contrôler la destinée de l'humain, parce que jamais ils ne pourront avoir de l'idéal. Je me rendais bien compte que j'avais de l'idéal et qu'au lieu de l'enfouir ou d'en avoir honte, je pourrais la développer, d'autant plus que j'avais été traumatisé bien des années auparavant par le film de Stanley Kubrick: Odyssée de l'espace, où des robots s'étaient mis en contrôle du vaisseau spatial. La musique était belle mais le futur envisagé me déplaisait. Alors, de fut la fin d'une peur. D'ailleurs, un surveillant de la bibliothèque me demandait ce que je faisais: je lui répondis : je suis cuisinier d'aliments naturels. Je me suis senti respecté, qe qui m'a fait du bien... et qui annonce peut-être un futur où l'intellectualisme cohabitera avec le développement du travail manuel, sujet dont parle Emmanuel Bailly dans le film de Coline Serreau ( et dans le livre) dont je parle plus loin. Donc, faites aller vos yeux encore un peu!
Le fait que je me soit senti respecté me fait pense à dire que nous devrions en tant que société dire un gros merci, exprimer de la gratidute aux agriculteurs et agricultrices pour leur travail qui nous nourrit.
Cette appréciation ne s'est pas faite par les philosophies, les religions, les sociétés, à ma connaissance.
... J'ai terminé mon baccalauréat en 1982 et obtint ma maîtrise en service social en 1988, mais sans l'emploi qui était sensé venir avec le diplôme, multiples crises économiques obligent. Et, j'intégrais la pensée fullérienne, ce qui ne me facilitait pas la vie en "normalité". Par exemple, en service social, il y avait une forte tendance marxiste, du moins à l'époque. Fuller pensait qu'il y avait moyen que tout le monde, pas seulement la classe prolétrienne, pouvait vivre bien, grâce à son plan de dix ans, réalisé par le design global compréhensif et anticipateur, incluant le jeu planétaire ( world game) qui s'efforce de simuler des scénarios pour obtenir une belle qualité de vie pour l'Humanité sans que personne ne nuise à un(e) autre ou à l'écologie. Pacifiquement et écologiquement. Tout le contraire de la pensée marxiste véhiculée, car une classe devait en abattre une autre. Cela me causait des difficultés dans ma thèse de maîtrise, ainsi que dans mes conversations. On m'évitait durant les pauses dans les corridors, ce qui tout à fait nouveau pour moi. J'ai même donné un cours au cegep en problèmes sociaux. J'étais très écologiste et on m'a reproché de ne pas être assez marxiste, au point de ne pas renouveler mon contrat!
Il faut dire que Fuller était exigeant. Une grande idée était l'intégrité. Il donnait l'exemple suivant: nous savons depuis 500 ans, grâce à la science, que la terre est ronde. Pourtant nous n'avons pas corrigé nos réflexes linguistiques, puisque nous disons encore des expressions qui supposent que la terre est plate, telles que: aux quatre coins du monde, en haut, en bas. La terre n'a pas de coins. Il n'y a pas de haut ni de bas dans un monde sphérique, géodésique; au lieu donc de dire monter l'escalier ou descendre l'escalier, Fuller disait: ( c'est plus facile en anglais): outstair, et instair. Le soleil ne se couche pas ou ne se lève pas. Il apparaît ou disparaît progressivement, car la terre, en tournant et orbitant, laisse voir le soleil ou le cache pour certains yeux. En anglais, Fuller dit: sunclipse ou sunsight.
Ce génie mulidisciplinaire, surnommé le " grand-père du futur", en rajoutait: puisque les atomes ne se touchent pas, nous savons que les choses ne sont pas solides et donc nous ne pouvons pas dire: " la physique des états solides"...
Alors, dit Fuller, si nous n'avons pas encore corrigé nos réflexes linguistiques, après 500 ans, comment voulez-vous que nous corrigions nos réflexes de guerre à temps, à l'heure où nous possédons des armes de destruction massive, qui ne dépendent même plus de notre volonté, ajoute Albert Jacquard. Je téléphonais aux stations de radio ou de télvision pour leur suggérer de corriger ces réflexes erronés!.....Je me suis rendu compte que je devais briser l'isolement.
Une petite parenhèse: j'aime la pensée fullérienne, mais avec le recul, je constate qu'il a peu trvaillé le concept de l'agriculture. Or, tout récemment, une jeune femme architecte et ingénieure, vient de combler le manque. En effet, Stacey dont j'oublie le nom de famille, a mis sur pieds un projet d'agriculture urbaine, nommé BKFarmyard, à New York. Elle a été finaliste du concours " Buckminster Fuller Challenge.
... Briser l'isolement.. Je me souviens que j'avais acheté une revue de protection de l'environnement américaine, Audubon, et que je suis devenu membre de la Fondation Cousteau qui avait interviewé Fuller. Soudainement, je me retrouve avec des millions d'amis.
Fuller avait travaillé à Sherbrooke, sur la rue Pacifique. J'écrivais une bonne dizaine de lettres par jour. J'avais eu un bon entraînement dans ma jeunesse en étudiant loin de la maison familiale et communiquant souvent par correspondance. Aujourd'hui, je distribue les courriels à qui mieux mieux au point de fatiguer certaines personnes. Je ne suis pas encore Facebookeux toutefois. J'apprends donc à ralentir et à recommencer la bonne vieille correspondance postale, ce que les anglais appellent la " snail mail", l'escargot a depuis guidé le mouvement slow food.
Pour briser davantage l'isolement, j'ai fait de la radio communautaire pendant deux ans sur le futur positif, à la radio communautaire de Sherbrooke. J'avais lu Marylin Ferguson qui avait Buckminster Fuller en estime. Elle dirigeait l'attention du lecteur vers des réseaux d'action. Un d'entre eux se nommait Action Linkage, de feu Robert Théobald, qui réfléchissait collectivement, ( un réseau de mille futuristes) à la transition de l'ère industrielle à l'ère post-industrielle, que le groupe nommait l'ère des communications, tout en sachant qu'un nom plus approprié ferait surface. Il y avait des Forums, par correspondance. Il y a eu l'écriture collective et corrigée par le groupe entier, d'un manifeste international: À la croisée de chemins, qui examinait les nouvelles réalités, les forces nouvelles, les limites nouvelles ( dont écologiques, du pétrole), et disait en gros que nous faisons en ce moment cette transition, qui prendra quelques décades plutôt que quelques siècles ou millénaires comme les transitions antérieures. Durant celle-ci, nous avons l'opportunité et la capacité de co-créer un beau futur, en nous écoutant les uns les autres, pour se découvrir et s'enrichir de nos différences. Le manifeste a été signé par deux mille personnes, dont moi en tant que cuisinier. Il a été vendu à 200, 000 exemplaires.
J'ai traduit ce texte et ai accepté que la revue aujourd'hui inexistante Idées et Pratiques Alternatives, le publie. ( Serge Mongeau y écrivait aussi une chronique) Puis le texte a été incorporé dans le livre: Idées et pratiques alternatives d'ici et d'ailleurs éditions du Fleuve. Il est à la bibliothèque de Saint-Hubert et de Boucherville.
Un fait cocasse: Robert Théobald traitait la vision de Buckminster Fuller de futurisme de chaise berçante!!
Une autre façon de briser l'isolement a été d'apprendre en Suisse la méthode de la doctoresse Kousmine, qui guérissait beaucoup de maladie avec l'alimentation. J'avais remarqué qu'elle utilisait les mêmes ingrédients que ceux que j'utilisais en cuisine à Boston. Cela m'a permis d'Occidendaliser l'Orientalisme que j'avais appris. Cela m'a aussi fait réfléchir sur la nécessité d'une spiritualité occidentale à créer, à partir de mes racines.
Toujours est-il que Robert Théobald dirigeait un groupe de réflexion sur la " community resiliency", la résilience communautaire, très proche de celle dont nous entendons parler dans le livre de Rob Hopkins, sur le pic du pétrole et des changements climatiques. Fuller insistait que nous devrions quitter l'utilisation du pétrole, ce capital d'épargne pour commencer l'industrialisation, et que nous sommes capables de le faire. Le pétrole a selon sa pensée une fonction importante pour maintenir l'éternité d'Univers. Donc, pour moi, cela fait tout à fait sens de vouloir briser notre dépendance, par anticipation, à l'aide de plan de descente énergétique collectivement décidé, ( proposé par Rob Hopkins et ses .tudiants à Kinsale), comme le " world game" de Fuller avait déjà commencé à faire en montrant les résultats dans les livres: Food for Everyone et Energy for Everyone. De plus, l'Institute of Science in society reprend ces thèmes en publiant: Energy for everyone by 2050 et Food for everyone without petrol. Gilles Couture a écrit un livre où il décrit le jeu planétaire, dans son beau livre: Les commandos de l'antiapolalypse, éditions Aurore.
Un dernier point important concernant Robert Théobald. Il s'est impliqué activement pour que nous prenions collectivement nos responsabilités en relation avec le problème du bogue de l'an 2000. C'est à ce moment qu'il a développé le concept de Community Resiliency. Une grande idée du mouvement qui s'est occupé de ce problème , c'est que la production d'énergie et de nourriture dans nos sociétés, sont trop centralisées et donc fragiles, puisque un petit problème arrête tout. On peut dire que la prise de conscience du pic du pétrole appronfondit cette idée en y ajoutant l'idée de la relocalisation.
Je relis un livre publié dans le temps: " Awakening, the Upside of Y2K" où je vois des noms comme celui de Paul Glover, qui aujourd'ui encore s'impliquent dans l'autosuffisance, la résilience.Robert Theobald y avait un chapître Reweaving Community Resilience. En cherchant dans Internet, j'y ai vu une personne qui était impliqué dans le bogue de l'an 2000 et s'implique à propos du pic du pétrole.
Je vais ajouter ceci: j'ai vu il y a deux semaines, lors du Festival du Nouveau Film, le très beau film documentaire de Colinne Serreau: Solutions locales pour un désastre global. C'est un un angle différent: une crise de la civilisation y est diagnostiquée; une solution; changer l'agriculture industrielle en agriculture bio. C'est tout simple, mais bien dit et scientifiquement soutenu, par Vandans Shiva entre autre. C'est dans ce point de vue qu'on y entend parler de périmètre de sécurité alimentaire ou d'écorégion, ce que je trouve complémentaire du point de vue de Manuel de Transition pour la résilience. Je dirais que le groupe Aliments d'Ici s'enligne parfaitement bien dans cette mouvance, en y mettant son grain de sel original, avec ses ateliers de conservation de nourriture par exemple, son accentuation sur l'idée de" vivre à l'échelle locale" et la préparation collective de repas bios et locaux.
Cela fait sens pour moi, étant donné que dans ma jeunesse, les livres de macrobiotique que je lisais disaient de manger de qui pousse en saison...
Je conclue en disant trois chose hétéroclites, comme l'ami de 3600 secondes d'extase, en rafales:
- J'ai entendu la conférence de Serge Mongeau à la bibliothèque de Boucherville récemment. Il y décrivait son parcours d'écrivain, en le comparant au développement de sa pensée, de la sexologie, à la simplicité volontaire, à la décroissance conviviale, au mouvement des villes en transition vers une brisure de la dépendance au pétrole. Le nouveau groupe qui s'occupe de la transition à Boucherville, de la dépendance au pétrole , nommé
Boucherville en transition était présent.
- J'ai aussi entendu Pierre Langlois parler de rouler sans pétrole. Voyez son intéressant site Internet.
- Le livre Les sables bitumineux, la honte du Canada, vient de sortir aux éditions écosociété.
- Toute personne intéressée au groupe agroalimentaire de Boucherville pour développer l'agriculture urbaine, les jardins collectifs, un périmètre de sécurité alimentaire, la sécurité alimentaire, rejoignez-moi au 450-645-0626 ou Boucherville en transition.
Merci pour m'avoir lu.
bloguement,
claude