jeudi 5 février 2015

Lettre au Devoir: Pour la majorité non intégriste non islamophobe. Cette opinion de lecteur indique une voie possible d,un futur positif à notre portée! Merci!

L’autre jour mon patient m’a avoué candidement, après plusieurs rencontres, qu’il n’aimait pas les Arabes et les musulmans en raison de ce qu’il voyait à la télévision. Pour lui, je représente une contradiction, car je suis un musulman « différent de ceux qu’on lui présentait dans les médias ». L’incident est plutôt banal, mais en dit long.
 
En parcourant nos médias, je suis toujours surpris par le fait que c’est la minorité qui monopolise nos écrans et alimente nos débats. En général, on fera de grands titres sur l’imam radical, sur l’intégriste potentiel, sur la femme voilée battue, ou encore, si ce n’est pas l’intégriste musulman, c’est l’islamophobe et le xénophobe qui prendront la parole. Ces « phénotypes » ne cessent d’être glorifiés. On les met en première page sans jamais penser à la majorité. On dirait que c’est juste leur voix qui est audible !
 
En tant que musulman, quand je tourne la tête autour de moi ou dans mon milieu de travail, je ne vois pas d’intégristes ni d’islamophobes. Je vois une majorité de Québécois de confession musulmane, pratiquants ou non, pour qui la religion est le dernier des sujets de conversation. Je vois une majorité de gens qui ont réussi leur vie et se sont bien intégrés dans leur société.
 
Je vois aussi autour de moi une majorité de Québécois dits « de souche » respectueux de la différence, respectueux de l’autre, soucieux du « nous », soucieux de rassembler et non de diviser ; je vois des collègues avec qui on rit de nos différences sans manquer de respect à l’autre ; je vois des Québécois qui ne me font pas sentir ma différence, mais plutôt mon appartenance au groupe. Or toutes ces belles personnes, on ne les entend pas ; on dirait que cette majorité, elle n’existe pas.
 
Qui se souciera, pour une fois, question de faire différent, de raconter l’histoire du neurochirurgien musulman qui sauve la vie à des centaines de personnes chaque année ? Qui se souciera de parler de la jeune psychiatre musulmane qui écoute et soigne des centaines de patients québécois sans distinction de race ou de religion ? Qui se souciera de partager les histoires et le vécu des milliers d’hommes et de femmes qui représentent une majorité de bons exemples de la communauté musulmane, des symboles d’intégration et non d’intégrisme dans le vrai sens du terme ; des symboles démontrant que le vivre-ensemble est possible et que ces gens-là représentent l’espoir d’un futur qui nous inclut tous.
 
N’importe quelle communauté a ses torts et ses brebis galeuses, mais lorsqu’on ne montre que ces dernières et les choses négatives, lesquelles sont statistiquement non significatives, lorsqu’on ne se concentre que sur un groupe en particulier, cela devrait nous pousser à nous poser des questions. Même cette communauté va commencer à se poser des questions sur sa société d’accueil qui ne cesse de se jeter sur n’importe quelle occasion pour la diaboliser.
 
Aidons les jeunes à s’intégrer en leur présentant de bons exemples auxquels s’identifier, des personnages qui ont réussi leur vie et qui leur donneront l’espoir d’une vie meilleure loin du ghettoïsme et de l’intégrisme.
 
Si on veut m’assimiler à une minorité qui ne croit pas aux valeurs humaines communes, ou qui croit à la violence, qui nie la liberté d’expression d’autrui, je dis NON haut et fort. Allez faire croire que j’en fais partie à l’un de mes collègues ou patients, ils vont rire de vous. Heureusement pour moi, mais sûrement pas pour une majorité ailleurs… suivez mon regard.

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