Monsieur Reid me disait que depuis que son livre a été publié, la découverte a été faite du fait que le Québec peut, avec le vent seulement, électrifier le Canada, les États-Unis et le Mexique, trois fois!... mais que les États-Unis aussi le peuvent!
La guerre à l'éolien: pourquoi?
Publication: 14/08/2013 00:04
L'éolien est la source d'énergie la plus importante au Québec. Bien planifié, il est compétitif et son impact environnemental est le plus bas de toutes les sources d'énergie. Il peut rendre de grands services au Québec. Depuis quelques mois, nous assistons pourtant à des attaques sans précédent dans les journaux: l'éolien serait responsable de tous les problèmes d'Hydro-Québec, des surplus d'énergie aux augmentations de tarifs d'électricité.
Les surplus
En 2008, on s'était déjà engagé à acheter environ 10 TWh d'électricité éolienne, Pourquoi avoir lancé en 2009 le projet hydroélectrique La Romaine, pour une production additionnelle de 8 TWh par année, alors que la crise économique était déjà bien installée et que le gaz naturel se vendait déjà sous les 4 $/MMBTU sur le marché américain.
Le projet hydroélectrique de la rivière "Romaine" doit être mis en dormance. Ce projet de 8 TWh - au coût d'environ 10 ¢/kWh avec des espoirs de vente à l'exportation de 3 ¢/kWh - se traduira par des pertes de 560 M$/année au Québec. De même, les projets d'harnachement de petites centrales hydrauliques sur des chutes faisant partie du Patrimoine québécois devraient être abandonnés.
Convertir à l'électricité ce qui reste de chauffage au mazout et au gaz dans les secteurs résidentiels et commerciaux, absorberait les surplus. Le potentiel d'un tel programme serait la réduction de 2 G$/année de sorties de capitaux du Québec; la réduction de 9,1 MT par année de gaz à effet de serre et Hydro-Québec pourrait vendre ses surplus aux consommateurs québécois à 7,78 ¢/kWh (8,56 ¢ avec la TVQ) plutôt que de les brader à 3- 3,5 ¢ à l'exportation. Un tel programme serait sans coûts additionnels aux consommateurs*.
Les coûts
En 2013, Hydro-Québec prévoit payer de 8 à 13,3 ¢/kWh pour l'énergie éolienne provenant de l'appel d'offres éolien de 2000 MW lancé en 2005, pour un coût moyen de 8,7 ¢/kWh. Pourquoi des prix si élevés alors que des projets similaires aux États-Unis donnent des coûts de 5 à 6 ¢/kWh avant subventions, aussi bas que 2 ¢/kWh après subvention .
Au Québec, on a déterminé les emplacements des projets éoliens en fonction des capacités du réseau de transport. Ensuite, on a choisi les projets du moins cher au plus cher pour combler les 2000 MW. En agissant ainsi, on a négligé la variable la plus importante: la qualité de la ressource. Des projets beaucoup trop chers en ont résulté.
Au Texas et en Californie, l'État a mandaté la construction/modification du réseau de transport pour aller chercher la ressource éolienne là ou elle est excellente. Au Texas, un projet de 6,9 G$ pour la construction de près de 5800 km de lignes à 345 kV incluant des améliorations/mises à jour d'une douzaine de postes permettra de récolter la production de 18 500 MW de capacité éolienne. Le coût de capital de ce projet est de l'ordre de 0,6 ¢/kWh.
Si on appliquait le même genre de planification au Québec: construire/modifier le réseau de transport pour aller chercher l'énergie éolienne là où la ressource est excellente (à la baie James par exemple), le coût serait de l'ordre de 5,6 à 6,6 ¢/kWh, rendu à Montréal, plutôt que le 8 à 13 ¢/kWh des projets actuels!
* Saulnier et Reid : "L'éolien au cœur de l'incontournable révolution énergétique", éditions MultiMondes 2009, pages 341 à 350.
VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST