Nous avons besoin d'énergie, pas de pétrole!
Mme Chantal Soucy, députée de Saint-Hyacinthe et
porte-parole de la CAQ en matière d'énergie, signe un texte au sujet du projet
d’oléoduc Énergie Est[i]. Dès les
premiers mot de son texte, Mme Soucy nous lance un avertissement : elle reprend la position de sa lettre du
mois de novembre[ii]
où elle prônait la construction d’Énergie Est. Encore une fois, elle fait la
promotion tous azimuts de ce pipeline sans réfléchir aux conséquences à long
terme de cette lourde infrastructure. N'en déplaise à Mme Soucy, les enjeux
dépassent le simple fait d'obtenir quelques maigres redevances!
Tout d'abord, je suis d'accord avec Mme Soucy sur quelques
points. Les atermoiements du gouvernement Couillard au sujet de l'exploration
et de l'exploitation du pétrole d'Anticosti et en Gaspésie me tapent sur les
nerfs; sa politique du « NON-OUI, PEUT-ÊTRE » laisse tout le monde
dans l’incertitude. Dans le dossier d'Énergie Est, je suis également d'accord
pour que « le gouvernement du Québec assume pleinement sa compétence en
environnement et renonce à déléguer ses évaluations environnementales à
l'Office national de l'énergie ». Dans le dossier d'Énergie Est,
l'aplaventrisme servile de M. Couillard et de M. Heurtel est
contraire aux « intérêts supérieurs du Québec »! Cette phrase,
souvent utilisée par M. Robert Bourassa, indiquait une action sur laquelle
tous les partis politiques qui ont à cœur l'épanouissement des Québécois
devaient nécessairement être d'accord.
Malheureusement, si « le gouvernement du Québec est
absent du débat », les « inquiétudes et préoccupations des
Québécois » ne se limitent pas à « saisir les opportunités
d'affaires ». Là où je diverge fondamentalement d'opinion avec Mme
Soucy, c'est lorsqu'elle avance qu'il faut s'asseoir avec le promoteur et les
gouvernements de l'Alberta et du Canada pour négocier sur les quatre points
qu’elle propose, et qui incluent « les plus hauts standards de
protection de l’environnement », une phrase creuse et pompeuse qui ne
veut rien dire. Même les pires pollueurs l'utilisent à toutes les sauces!
Construire Énergie Est, c'est délibérément ignorer les
avertissements des scientifiques du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental
sur l'évolution du climat) et de 97 % des climatologues. C'est faire fi de
la Conférence de Paris qui affirme que l'humanité doit obligatoirement diminuer
sa consommation de pétrole puis l'éliminer d'ici le milieu du siècle[iii]. Énergie
Est a un seul objectif : augmenter la production des sables bitumineux
avec une infrastructure lourde qui obligera ses clients à demeurer dans le
pétrole, grand producteur de GES (gaz à effet de serre) pour au moins
40 ans. Mme Soucy, oubliez les modèles d'affaires du siècle dernier; si je
peux paraphraser un autre premier ministre, nous sommes en 2016!!!
Pour chauffer ma maison en hiver, je n'ai pas besoin d'un
combustible fossile qui pollue l'air; j'ai besoin d'énergie[iv]. Nous
avons besoin d'une énergie qui n'empoisonnera pas la vie sur la planète pour
les sept milliards (bientôt neuf milliards) d'êtres humains qui l’habitent. La
politique énergétique d'une formation politique comme la CAQ devrait refléter
la réalité de la Conférence de Paris en appuyant les énergies renouvelables au
lieu d'être à genoux devant Énergie Est!
Lorsque Mme Soucy accuse les autres dont le Parti Québécois
de « partisanerie et de démagogie », elle devrait
analyser la farouche partisanerie qui l’anime et qui ne tient pas compte des
arguments logiques des Québécois et des autres partis politiques contre ce
projet archaïque et dépassé. Mme la critique de la CAQ en matière d'énergie est
tellement favorable au projet Énergie Est que je me suis plu à vérifier dans le
registre si le nom de Mme Soucy y figurait à titre de lobbyiste officielle pour
TransCanada.[v]
Non, il n'y est pas.
Diantre! Serait-ce une erreur?
Gérard Montpetit
Membre du CCCPEM (Comité des
citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement maskoutain)
Le 18 juillet 2016
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