La “Recette du Bonheur” de la revue
l’Actualité: des oublis.
Dans un tout de même excellent article de la revue l’Actualité,
juillet 2016, maintenant en kiosque, ( bizarre, nous sommes le 13 juin!) La
recette du bonheur. Les québécois sont les champions mondiaux du bonheur tout
juste derrière le Danemark! Mais pourquoi?, je suis d’avis qu’il y a eu
quelques oublis, dont deux majeurs.
Je pense ici aux influences du philosophe, sexologue, écrivain,
conférencier, André Moreau et de celles
du politologue, démocrate, fondateur de
l’Union paysanne, écrivain, Roméo Bouchard.
Je me base sur l’idée principale de
l’article : le constat de la présence profonde et solide du bonheur au
Québec, associée à une recherche d’explications et assaisonnée d’un questionnement
relativement à un possible essoufflement de ce bonheur collectif.
D’après moi, le philosophe André
Moreau, est un facteur déterminant dans la comptabilité des intrants
susceptibles d’avoir influencé positivement la présence de bonheur au Québec,
même si sa suggestion d’un Ministère du bonheur n’a pas été retenue et même si
sa pensée semble aujourd’hui être rejetée, du moins, selon ses propres dires.
Il a publié en 1972, le livre :
La volonté du bonheur et aurait fait au moins mille exposés jusqu’en
1984. Jusqu’à maintenant, il ne les a pas comptés, mais ce sont plusieurs
milliers, si on en compte deux par semaines environ.
Depuis, il a publié 70 livres. Son Réveiller
le Dieu endormi s’est vendu à 10,500 exemplaires et le Cent millions de
Christ , à 7500, au vingtième siècle. Les ventes sont une
réussite à l’envers, elles baissent
astronomiquement au vingt et unième! Amère déception mais prise avec
légèreté, par un homme qui désirait,
jeune, être lu et compris! Il y a une entrevue sur You Tube de 4 heures, faite à Paris et menée par Laurent Fendt.
Nous sommes en juin 2016. La revue
indique pourtant : juillet 2016! Vous vous souvenez du titre : La recette du bonheur. Les Québécois sont les
champions mondiaux du bonheur tout juste derrière le Danemark! Mais pourquoi? Elle semble avant-gardiste, puisqu’elle met le
futur dans le présent!
Pourtant, il y a trente-deux ans, Moreau
écrivait dans l’article portant le nom : « Hyper-structures du
Jovialisme », du livre de 1984 : Pour le meilleur et sans le pire,
écrit pour expliquer le sens de sa
doctrine, (…) « Puis, de
cette enclave francophone nord-américaine, naquit le Jovialisme, expression systématique de la joie de vivre
d’un peuple heureux, les Canadiens-Français. » (…) (page 90) J
C’est le premier philosophe qui
s’est servi des médias pour faire
connaître sa pensée. Il a passé plusieurs nuits à la radio, CKAC par exemple, pour parler du bonheur, en compagnie de feu
Roger Drolet avec des gens qui téléphonaient. C’est ainsi que sa pensée s’est
forgée dans le dialogue en se servant de sa formation académique trempée de son
auto-formation créatrice.
En l’an 2000, il a reproché à la
philosophie traditionnelle, par le biais
de son Traité sur l’être, Pari sur l’être, à la page 293 , de ne pas avoir osé «
présenter une table de catégories qui tienne compte de la magie, du
merveilleux, du chaleureux, du réconfortant, de l’optimiste, du saint et du
drôle. Pourquoi a-t-on omis de répertorier les bienfaits de
l’existence? », demanda-t-il?
En plus d’être un constructeur d’une
métaphysique sans théologie, il est souvent celui par qui le scandale arrive,
par choix idéologique.
Par exemple, il a sûrement
insécurisé plusieurs lecteurs en écrivant dans Le plaisir est sagesse,
1982 : « En tout être qui fait l’amour, il y a un Christ qui jubile,
mais c’est parfois un Christ étouffé, torturé, punitif, c’est souvent un Christ
peureux. ( p. 23)
À cette époque, le philosophe était
devenu sexologue comme vous le remarquez sans doute.
Il note à la page 39 que «
L’inexpérience de l’humanité à l’égard du plaisir est déplorable ».
Je reviens maintenant à des extraits
provenant de la Volonté du bonheur, écrit, souvenez-vous en, en 1972.
Il a dit dans l’aphorisme numéro
144, qu’il « faut faire le calme en nous-mêmes, écouter! »
Avec le recul, rien de vraiment
scandalisant, là!, mais disons-le : il a raison! On réclame justement un Observatoire du bruit
ces jours-ci à Montréal. Le philosophe affirme cependant être capable d’entrer
dans le Grand Silence, en dépit des
bruits de Montréal. Il faut dire qu’il y est venu au monde et a vécu sn enfance
dans le « faubourg à mlasse », réservoir d’expériences érotiques qui
ont nourri par ailleurs sa philosophie. Voir à cet effet, le livre : Mon
enfance philosophique.
Pour le néophyte, c’est-à -dire à
peu près tout le monde, car nous baignions alors encore dans l’ambiance
catholique, la phrase suivante était très probablement des plus
intrigantes : « Nous devons nous ouvrir au savoir infini. » (
aphorisme 12) Que veut-il dire par là? Que mange en hiver l’infini? , se
disaient les Montréalais qui l’entendaient. Ils se le demandent encore, puisque
les journalistes ne l’ont jamais interrogé à ce propos.
Ici, le philosophe, cette fois
guerrier, se met à nu et tonitrue : « L’homme n’est pas un pécheur,
ni un misérable, ni un pauvre type, mais un innocent qui a été berné par des
forces malignes soumises au pouvoir de la terre. Il faut qu’il se réveille,
qu’il affronte ses phantasmes, qu’il détruise ses églises , ses partis, ses
écoles et que qu’il retrouve la bonté
originelle qu’on lui a enlevée. » ( numéro 26)
Puis, le métaphysicien se
manifeste : « La liberté ( …) nous ouvre à la compréhension de notre
être et nous donne le bonheur. » ( # 70)
L’homme inspiré cette fois,
dit : « Comment se fait-il que nous n’ayons pas encore, réalisé que prendre conscience de l’immanence
de l’Absolu dans le relatif, c’est incarner en nous le Dieu vivant? » ( #
151)
André Moreau déverse un discours sur
l’être, différent de celui des
psychologues, qu’il respecte peu, soient-il Abraham Maslow ou Jean Houston. Il
dit : « Le bonheur consiste à se tenir près de son être. La majeure
partie de l’humanité n’a pas encore compris ce que signifie être. Le seul mot être contient en lui-même tout un univers. » ( #182)
L’être, un mystère, alors? Que non!
Il nous rassure en disant que « l’être, c’est nous-mêmes au
superlatif . » ( #185)
De quoi impressionner le Cardinal
Léger de jadis!
Il oppose au judéo-christianisme, au
marxisme, à l’existentialisme, la joie comme source ultime du bonheur (#172) et
constate que le « monde est une fête et que nous ne le savons
pas » (# 197)
Il nous susurre à l’oreille, candidement,
à l’aphorisme 203 : « Il est
temps de vous ouvrir à une philosophie du bonheur ». Selon toutes
vraisemblances, cela n’est pas encore fait, puisque le bonheur québécois roule
encore en partie sur les réserves de la joie de l’arrivée dans une nouvelle France
abondante… mais qui s’austérise par ignorance, ces jours-ci et faute d’une
conversion du regard.
Moreau est précurseur de la science
nouvelle de la psycho-neuro-immunologie que Norman Cousins a commencé à
dépeindre dans son livre La volonté de guérir et a continué à décrire
dans sa Biologie de l’espoir, avec son idée que « Toute vision
intérieure faite de plaisir, de joie, de bonheur peut être cultivée. »( #
298)
Pour le philosophe, une culture
inspirée par l’être est une culture dont « l’abondance intérieure est
illimitée ».
Il plaît aussi aux gens sensibles à
la poésie et à la beauté du style : « Le sentiment le plus puissant
au monde est en train de voir le jour. C’est le bonheur infini dans sa gloire,
sa pompe fabuleuse, sa lumière séraphique, ses murmures d’adoration, ses
phalanges d’anges qui prient, ses bruits de trompette. Comment personne
n’a-t-il encore jamais ressenti ces choses-là au point d’en être chaviré,
transporté, saoulé, distillé dans des sensations qui dépassent l’entendement.
Une joie insoutenable, presque douloureuse à force d’être délicieuse, ne
demande qu’à naître en chacun de nous. Pourquoi se dérober à cette merveilleuse
expérience qui est à l’origine de notre être comme elle est à l’origine des
nébuleuses? Il serait si profondément envoûtant , et cela avec des raffinements
de conscience inouïs, de se laisser aller à l’énergie maîtresse de l’univers.
Faut-il que nous soyons aveugles pour ne pas nous précipiter en nous-mêmes et
nous repaître de cette fantastique expérience multidimensionnelle qui avive nos
sens, ouvre nos facultés et élève notre esprit? » (# 189)
Il égratigne par son vol d’aigle, le code génétique québécois catholique
lorsqu’il dit à la page 63 de cette Volonté du bonheur : « Jouissez
sans retenue. Tressaillez de joie ». Je vous suggère donc de le lire
lentement. Il est à la Bibliothèque Nationale du Québec. Vous avez droit au
prêt inter- bibliothèque.
Deuxième partie.
L’article de la revue L’Actualité
dit également qu’il y a des signes
que le bonheur québécois s’essouffle.
Pour contrer cet
essoufflement, je vais ajouter à l’article, ce que je crois qu’il lui manque.
On sait que Charles Dickens a écrit le livre Temps
difficiles pour parler des conditions atroces, pour les enfants entre
autre, de la révolution industrielle.
Mais
sait-on que j’ai traduit une Manifeste international, en 1984,
s’intitulant À la croisée des chemins qui parle d’une ère
post-industrielle? Il a été publié dans le livre Alternatives d’ici et
d’ailleurs, aux éditions du Fleuve et est disponible aussi à la
Bibliothèque Nationale du Québec.
Ce Manifeste fait le portrait d’un
nouveau Temps difficile assorti, lui,
cependant, d’un potentiel social
positif. Il s’agit de la transition unique, globale, rapide, profonde,
universelle, ignorée des médias, de l’ère industrielle à nouvelle ère encore à
nommer; l’Ère du Verseau, l’ère de la conscience, de la passion, des
communications, de la communion?
La transition n’est pas terminée,
advenant , en quelques décades plutôt
qu’en millénaires ou siècles comme advenèrent les transitions anciennes. Un ces
co-auteurs du Manifeste, pense actuellement, aux États-Unis, ce qu’il appelle la Culture planétaire , qui
sera caractérisée, par un « Bright Future ». souhaite-t-il. C’est
Robert Gilman.
Les signataires du Manifeste, dont
je suis, pensent que nous avons l’opportunité et la capacité, de co-créer un
futur positif pendant cette transition.
Nous vivons cependant en ce moment, au Québec, une période austère, mentalement d’abord et
financièrement ensuite.
À mon avis, le peuple Québécois
aurait avantage à lire l’André Moreau des Traités subséquents, par exemple, au
moins le Tome 1 du Traité sur l’être, Pari sur l’être ou encore le Tome 1 du Grand
Traité sur l’Immatérialisme. Vous
aurez alors des idées sur la « nidification », sur le « centre
de gravité permanent », sur « l’auto-centration êtrique », sur
le « refus de se faire relativiser », sur le « bonheur
archétypal », la « sensation de l’être » , la « conquête
de soi », l’ « identité fondamentale » et bien sûr, l’importance
de s’aimer, sans oublier « l’intersubjectivité constitutive » et que
« la lumière est pur agir »!
Si, dans son Journal
Philosophique, André Moreau a souhaité une « Assemblée constituante
Jovialiste », elle ne s’est pas concrétisée dans les faits et une
Constitution Jovialiste n’existe pas encore.
Si, dans son livre Un univers jovial,(
1978) il fait dire à un animateur d’une soirée d’une Mégalopole future :
« Qui veut prendre la parole? », il n’est cependant pas le seul à envisager d’accueillir la Parole populaire.
En effet, André Larocque a écrit un
livre qui s’intitule Au pouvoir, citoyens, mettre fin à l’usurpation des
partis politiques ( 2006) et Roméo Bouchard a publié : Et le
citoyen, qu’est-ce que vous en faites?
Ce sont des critiques de la
démocratie qui aboutissent au constat que nous ne vivons pas dans une démocratie
et que nous devons la réformer, la restaurer par un « chantier
démocratique », ce que l’article de l’Actualité évacue prestement, subtilement, hypnotiquement
sûrement… ron ron ron.
Dans le livre Constituer le
Québec, pistes pour une véritable démocratie, Roméo Bouchard a inauguré les
orientations à prendre et les a précisées dans son récent Survivre à
l’offensive des riches.
À propos du diagnostique que nous ne
sommes pas en démocratie ( quoique le Gouvernement Couillard pense sérieusement
que nous en avons trop, dit Éric Pineault dans une vidéo You Tube), il y a la
revue Nexus du 01-02-2015 qui confirme le diagnostique et propose des
alternatives.
D’ailleurs, le film Demain,
le dit aussi, de manière positive, en interrogeant le chercheur David Van Reybrouck.
J’ai senti dans la dernière page de
l’article un reproche à la société québécoise de trop s’endetter et ne pas investir suffisamment en éducation.
La société québécoise dites-vous?
Vous souvenez-vous des casseroles et
des carrés rouges?
Mais voyons, la société au complet demande de
l’investissement en éducation pour tout le monde!
L’article nous avertit que la
situation de la dette du Québec, « 250 milliards » ( je croyais
que c’est 288) est sérieuse mais que nous n’y pensons pas.
Eh bien, nous y pensons… douleureusement!
Nous savons que nous payons 30 millions par jours en intérêts aux banques
privées, alors que la Banque Centrale
prêtait avant 1974 aux Gouvernements, sans intérêts! Il y a eu en 1974, une interdiction ( anticonstitutionnelle) par
le Gouvernement Trudeau de continuer à utiliser la Banque Centrale et à emprunter au
lieu, aux banques privées, avec
intérêts, bien sûr! En d’autres mots,
c’est du vol légalisé en cachette! Le livre de Philippe Derudder et André-Jacques
Holbeck, en parle abondamment, mais le secret perdure pour l’ensemble de la
population, incluant les Universités.
En plus, Alain Deneault vient tout juste de
nous informer de l’escroquerie des paradis fiscaux dans son Précis : Une
escroquerie légalisée.
Ce marasme se double d’une
détérioration de l’environnement source de maladies chroniques. Dominique
Belpomme en fait état dans le nouveau livre Comment naissent les maladies et
que faire pour rester en bonne santé. Ce livre fait en quelque sorte suite
à celui de l’an dernier d’André Cicolella : Toxique planète, le
scandale invisible des maladies chroniques. Ces maladies sont reliées à
l’environnement , pèsent lourd sur les systèmes de santé et seule une médecine
environnementale, une démocratie sanitaire qui accompagnent une transition
écologique post pétrole et post capitaliste, peuvent appuyer une santé globale pétillante.
Si le bonheur est un facteur de santé, le dicton aide-toi, le ciel t’aidera,
demeure vrai.
Roméo Bouchard pense que pour se
sortir de ce marasme non voulu par la société, il va falloir restaurer au
complet la démocratie en faisant un
« chantier démocratique » au moyen d’un Mouvement de démocratie,
basé sur l’écriture citoyenne de la Constitution,- en tant que Loi fondamentale, loi des lois-, dans le
cadre d’une Assemblée Constituante
convoquée par le Gouvernement, tirée au sort, qui écrit une Constitution que le Peuple
entérine, par référendum, afin de mettre la Souveraineté Populaire à l’avant-
plan, car c’est elle qui devrait dicter au Gouvernement sa volonté à exécuter.
Vous comprenez ce que je vous dis?
Non? Alors, précipitez-vous à votre bibliothèque municipale ou bien à la
Bibliothèque Nationale du Québec. Vous avez droit au prêt inter-bibliothèque.
Demandez ou achetez : Survivre à
l’offensive des riches.
L’article de L’Actualité cite
le philosophe Jocelyn Maclure; « C’est crucial, pour avoir une conception
positive de la vie, de penser que l’avenir est ouvert et que nos décisions auront
un effet sur ce qu’on va devenir. Que tout n’est pas joué d’avance. »
Eh bien, il me fait plaisir de vous
informer que j’ai fait en 1983, une émission
de radio- communautaire sur l’avenir et une sur le « futur désiré »,
dont l’émission Visages d’un pays a ensuite parlé à Radio-Canada et que, j’ai ainsi
contribué mais de très loin(!) , à ma
façon, à la construction du bonheur
québécois.
En homme concret, Monsieur Bouchard
a confectionné deux Guides afin d’aider les gens qui souhaitent faire des ateliers constituants, qui entraînent à écrire une Constitution et
ce, pour éviter que ce soient les riches qui l’écrivent par l’intermédiaire des
politiciens à leur solde et service.
Ces guides se nomment :
-
Constituer
le Québec. Citoyens constituants à l’œuvre.
-
Guide pour les communautés locales qui veulent
se doter d’une Constitution régionale.
Utilisez le
moteur de recherche pour trouver!
Dans le Guide : Constituer
le Québec, citoyens constituants à l’œuvre, le thème de l’éducation se
trouve dans le chapître de la démocratie sociale, et pour ce qui
concerne la dette, il faut voir le thème de la création monétaire dans le chapître
de la démocratie économique.
Consultez souvent la page Face Book
de Roméo Bouchard et réagissez, pour la construction d’une démocratie heureuse!
Claude
Saint-Jarre, 13-06-2016.
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